Je poursuis tranquillement mes expériences « strobist » et comme je l’avais fait pour B&W, je vous propose un article « making-of » de ma photo Le petit chaperon rouge 2.0.
L’idée de départ
Depuis quelques temps, j’avais envie de revisiter le conte du petit chaperon rouge façon strobist. Au départ, je prévoyais d’utiliser l’une de mes filles comme modèle mais finalement, j’ai choisi de faire poser une amie. J’avais envie depuis longtemps de la prendre en photo, et c’était l’occasion idéale avec ce thème.
Dans ma tête la composition et le schéma d’éclairage était en place depuis longtemps. J’avais même fait un petit croquis (avec mon talent inné pour le dessin !) de l’ensemble de la scène.
Comme toujours avec la photographie « préparée », cela ne se passe pas souvent comme prévu. L’image finale diffère un peu de mon idée de départ mais elle me plait plus.
Repérage des lieux :
Une fois qu’on a un modèle, le choix du lieu est déterminant. Dans les semaines qui ont précédé le shooting, j’ai arpenté la région à la recherche d’un bois qui ressemble le plus possible à celui que j’avais imaginé. Et comme souvent, c’est le hasard qui fixe les choses. Je suis tombé sur cet endroit et immédiatement j’ai su que c’était le bon : assez vaste, pas trop dense en arbres, avec peu de ciel visible, un gros rocher pour équilibrer la composition et surtout quelques arbres pas trop haut qui me permettrait de fixer mon flash en hauteur.
Le plan de lumière :
A l’origine, comme on peut le voir sur mon super croquis, j’avais prévu 2 sources de lumière. Un flash avec gélatine rouge caché derrière le gros rocher et un flash juste au-dessus de mon modèle, sans modificateur de lumière, si ce n’est, éventuellement, un snoot (accessoire conique, placé sur le flash et qui concentre la lumière).
Juste avant de partir sur le site, j’ai eu un « flash » 😛 Plutôt que d’essayer vainement de cacher mon flash dans l’arbre au-dessus du modèle, pourquoi ne pas carrément l’inclure dans la composition ? J’avais acheté, il y a quelques temps une boule chinoise, ce lustre en papier que l’on trouve un peu partout. Je m’étais dit qu’elle pourrait servir un jour pour un shooting. Et ce jour était arrivé.
J’ai donc inséré mon flash cobra, surmonté d’un petit bol tupperware pour diffuser la lumière en « boule » à l’intérieur du lustre, évidemment connecté à un transmetteur Yongnuo YN-622 pour pouvoir le déclencher à distance.
Petite précision : j’ai aussi mis une gélatine CTO sur mon flash pour donner une t° de couleur « tungstène » : en réglant la balance des blancs sur ampoule tungstène sur l’appareil, on obtient une lumière « naturelle » dans la zone éclairée par le flash, tout le reste virant vers le bleu. Mon objectif étant de « réchauffer » la couleur du modèle et de « refroidir » la couleur de la forêt.
Avec une cordelette noire, j’ai accroché l’ensemble à une branche au-dessus du modèle, avec un angle d’environ 45° en hauteur et sur le côté.
J’ai renoncé au flash rouge derrière le rocher… Trop kitsch à mon goût… cela n’aurait rien apporté de plus à la scène et aurait peut-être même nuit à la lecture de la photo. Si j’avais eu du fumigène, par contre, j’aurai pu placer un flash tout à l’arrière-plan pour donner un effet de brume.
Pour finir, j’ai demandé à mon modèle de regarder au loin dans la direction de la boule pour qu’elle puisse avoir suffisamment de lumière sur son visage.
Post-traitement :
Un peu de travail, notamment une « dérive » rouge globale, et mes petits réglages habituels dans Lightroom qui sont pour certains sauvegardés sous forme de presets. Enfin, le plus important est la découpe au format panoramique. Ce n’était pas prévu au départ, mais ce format s’est imposé à moi comme une évidence au moment de la retouche.
L’image finale :
Malgré les quelques changements, elle correspond à ce que j’avais imaginé dans ma tête. Je voulais retrouver l’ambiance sombre de la forêt, le petit chaperon rouge un peu perdu, cherchant son chemin… Et c’est comme cela que j’avais envie d’interpréter ce conte.
J’ai eu beaucoup de plaisir de réaliser une photo au grand angle, en mélangeant lumière naturelle et flash. C’est plus compliqué que les cadrages serrés qui permettent de « cacher » les lumières. Ici j’ai fait le choix de cacher mon flash dans un lustre mais je pense qu’il existe bien d’autres façons de faire et je vais explorer ça !
D’ailleurs, cette photo m’a fait prendre conscience, une fois de plus que je préfère travailler avec angle de champs le plus large possible. Je pense que ma prochaine réalisation va même être l’occasion de mélange la technique strobist et la photo panoramique par assemblage 😉 Cela ne va pas être simple, mais j’aime les défis !
Pour finir la séance, on a réalisé quelques portraits plus « classiques »,un sur le thème du petit chaperon rouge devant le gros rocher puis un sur un pont à proximité.
A bientôt pour un nouveau making of ! Et bien entendu, je suis à votre disposition dans les commentaires 😉
Super article. C’est toujours plaisant d’avoir le « behind the scene » à la fois pour comprendre la démarche et l’idée du photographe, et pour avoir le côté technique. Vraiment très instructif et pédagogique 😉 les 2 dernières photos sont également superbes 😉
Merci du partage !
La démarche est intéressante car opposée à la mienne. Tu as l’idée de la photo puis tu cherches le lieu alors que moi j’ai l’endroit mais je cherche la photo 😉
Je garde l’idée de la gélatine CTO
Oui, toujours très intéressant d’avoir l’opportunité de suivre la démarche de A à Z.
J’avais acheté une série de gélatine que je n’ai jamais utilisé (je viens de comprendre le couple CTO / tungstene) , génial, j’attend les exemples suivants avec les autres gélatines ;-))
merci
J’aime bien l’idée de la boule chinoise , ça fait penser a une grosse luciole qui indiquerai le chemin au petit chaperon rouge.
C’est toujours intéressant de voir le travail derrière une telle mise en scène 🙂