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[Test logiciel] DxO Optics Pro 8

Contrairement à ce que pensent beaucoup de photographes amateurs ou de non-photographes, traiter ses photos sur ordinateur est une étape indispensable et normale dans la pratique de la photographie! Je suis utilisateur de Adobe Lightroom depuis sa sortie, et je n’avais jamais vraiment testé son principal concurrent, Dxo Optics (aujourd’hui dans sa version 8). C’est maintenant chose faite puisque j’ai pu essayer ce logiciel pendant plusieurs semaines et en particulier avec le Nikon D600, puisque jusqu’à ces derniers jours, c’était le seul logiciel de dématriçage RAW (développement des fichiers bruts de l’appareil photo) qui supporte ce boîtier!

Contrairement à d’autres testeurs, je ne ferai donc pas de comparaison avec la version 7.5 ou les versions antérieures. Dans le passé, j’ai travaillé quelques heures avec les version 6 et 7 mais pas suffisamment pour me rappeler des détails. Je garde cependant l’impression d’avoir un peu tâtonné avec DxO comme c’est le cas avec des usines à gaz dont les fonctions ne sont pas suffisamment ergonomiques.

Juste un rappel, avant de commencer:  la société DxO est à la pointe de l’analyse des images issues des principaux boîtiers (et surtout des optiques associées). Mais le logiciel DxO Optics Pro 8 ne se contente pas d’analyser… Le programme va plus loin en proposant des corrections logicielles à la plupart des défauts optiques rencontrés. C’est même un précurseur dans le domaine, même si Lightroom propose aujourd’hui des corrections du même type (mais moins poussées comme nous le verrons plus bas). On trouve aujourd’hui plus de 9000 couples boîtiers/objectifs pris en charge par DxO. A moins que vous soyez l’heureux propriétaire d’un Fuji X-Pro1 ou X-E1, vous avez de forte chance de voir tout votre matériel prise en charge! Enfin presque… le couple Sigma 18-50mm f/3.5-5,6 Dc + Canon EOS 350D n’est pas répertorié…

Évidemment Dxo n’est pas juste un correcteur de défauts optiques. Comme ses concurrents (Lightroom, Aperture…), DxO est également un logiciel de traitement d’image (contraste, luminosité, netteté, saturation, réduction du bruit….). Je ne vais pas vous présenter toutes les fonctions mais nous allons découvrir les principales.

Ergonomie du logiciel

Dxo a fait de gros efforts concernant l’ergonomie, en tout cas depuis la version 6 que j’avais testé par le passé… Comme avec la plupart des logiciels de dématriçage, l’interface est constituée d’une zone de visualisation au centre et des volets escamotables sur les cotés, le tout organisé en 3 onglets: organiser, personnaliser, traiter.

  • L’onglet « Organiser » est plus un explorateur de fichiers, dont les fonctions de cataloguage sont nettement moins évoluées que sur Lightroom. Les pros exigeants en la matière seront certainement déçus par cet onglet. Pour l’amateur qui ne gère pas forcément un catalogue de plusieurs milliers d’images, cette simplicité ne sera pas forcément un problème.
  • L’onglet « Personnaliser » regroupe toutes les fonctions utiles de Dxo. Toutes les retouches et améliorations se font depuis cet onglet.
  • Quant à l’onglet « Traiter », il est utiliser en fin de Workflow pour exporter les images finales.

Les fonctions essentielles sont assez facilement accessibles en 2,3 clics de souris. Un point fort avec les « préréglages » faciles à mettre en œuvre depuis la barre du haut, ou par un clic droit sur les photos. le gain de temps est appréciable. Au chapitre de points forts, il faut également noter la prévisualisation en temps réel en survolant certains réglages, un peu comme avec la balance des blancs dans Lightroom. Un fonction très pratique même si la fenêtre de visualisation reste petite. Sur mon 27″, aucun problème… mais sur un 13″, j’imagine que c’est un peu petit pour être vraiment utile.
Enfin, l’une des fonctions les plus efficaces sur le plan ergonomique est la détection et le téléchargement des profils. On clique sur une image à traiter et si le logiciel ne trouve pas le profil couple/objectif dans sa base de donnée interne il propose quasi-instantanément de le télécharger sur le site de Dxo.

Au niveau de l’ergonomie, il faut évidemment s’habituer au changement si on vient de Lightroom. On retrouve de nombreux outils similaires mais qui ne portent pas forcément le même nom… Les débuts sont faits de nombreux tâtonnements… mais on finit par repérer les fonctions principales et les « bons » réglages.

A noter que Dxo fonctionne par défaut de manière « automatique ». Une fois l’image chargée, le logiciel applique tout de suite une correction en fonction du profil téléchargé. C’est ennuyeux en théorie puisque l’image visualisée n’est jamais l’originale. Il faut nuancer ce problème. La photo issue d’un fichier Raw est impossible à visualiser sans être préalablement décodée et surtout interprétée par un logiciel comme DxO. C’est donc logique que des corrections soient appliquées directement. Simplement dans DxO, je trouve certaines corrections,comme celle du bruit numérique un peu trop appuyées par défaut. Je préfèrerai une image un peu plus brute au départ, quitte à créer moi-même un profil de correction à appliquer à l’ouverture de mes images si besoin.

Après ces considérations ergonomiques, je vous propose d’étudier de plus près les principales fonctions de ce logiciel. J’ai fait le choix de me cantonner aux plus importantes, en tout cas à celles que j’utilise au quotidien. Même s’il existe un module d’impression, je n’en parlerai pas ici: je n’imprime jamais de photos moi-même.

Organiser

C’est certainement l’onglet le moins complet de ce logiciel. Il s’agit plus d’un explorateur de documents, avec les dossiers dans le volet de gauche et les miniatures en bas comme dans Lightroom 4.

organiser
C’est à cette étape que le logiciel va proposer de télécharger les profils qu’il a repéré dans le dossier affiché

Ceux qui ont l’habitude de travailler sur Lightroom seront probablement déçus… On ne peut pas travailler sur des mots-clés, des métadonnées… DxO Optics Pro 8 ne s’affiche pas comme un catalogueur mais tout de même… on attendrait un peu plus de fonctionnalité dans cet onglet.

Personnaliser

L’onglet Personnaliser regroupe toutes les fonctions essentielles du logiciel.

Pour tous ces tests, j’ai sélectionné des images »types » issues de mon Canon EOS 7D. Afin de pouvoir faire une comparaison valable, je n’ai volontairement pas utilisé de fichier du Nikon D600, ce dernier n’étant que partiellement pris en charge par Lightroom, lors de mes tests. Quand aux optiques, j’ai privilégié le Sigma 8-16mm f/4.5-5.6 dc hsm pour ses déformations d’ultra grand angle et mon Tamron 17-50mm f/2.8 VC qui est devenu récemment le plus mauvais de mes objectifs (même si je le trouve excellent d’un point de vue optique). J’ai aussi aussi utilisé le Sigma 85mm f/1,4 EX DG HSM que je teste en ce moment qui présente parfois de disgracieuses aberrations chromatiques….

Déformation géométrique/distorsion, Vignettage/Aberrations chromatiques et autres défaut optiques

C’est vraiment l’aspect le plus complexe à tester. Caractériser un défaut optique sur une photo est extrêmement difficile à faire et, sauf à utiliser de mauvais objectifs, impossible à réaliser à l’œil nu. Ce n’est pas un hasard si les testeurs des magazines spécialisés utilisent des mires et des logiciels puissants tels que… DxO.
Autant dire tout de suite que quand on active/désactive les corrections automatiques (en maintenant appuyé le pointeur de la souris sur la photo), on voit tout de suite que l’image corrigée est meilleure sans que l’on puisse vraiment dire ce qui a changé sauf à zoomer à 100% sur certaines parties de l’image. Évidemment pour le vignettage on voit tout de suite la différence mais pour une distorsion en moustache (distorsion complexe et non linéaire), c’est beaucoup plus subtil.

Toutes les images que j’ai traitées avec DxO sont sorties avec de très bons résultats, proche de ceux obtenus avec Lightroom pour la plupart mais nettement meilleurs avec un objectif comme le Sigma 8-16mm f/4.5-5.6 dc hsm. Je n’ai jamais aimé la correction de distorsion proposée par Lightroom 4: les bords étaient encore plus étirés que sans correction. Avec DxO, l’image finale est nettement améliorée. Sans compter qu’avec DxO on peut aller plus loin qu’une simple correction de défauts: on peut ainsi corriger l’anamorphose de volume mais aussi modifier les perspectives: je vous renvoie à la lecture de cette page du site de DxO pour plus de détails techniques.

Parmi tous les défauts optiques, l’un des plus ennuyeux est certainement les aberrations chromatiques: visibles sur les bords contrastés de l’image (passage du noir au bleu clair par exemple sur une photo d’arbre), les aberration chromatiques sont une sorte de halo violet/bleu/vert qui vient estomper significativement le contraste de cette zone. Ce défaut optique donne une impression de manque de netteté quand bien même le reste de la photo le serait. Heureusement, Dxo Optics Pro 8 traite particulièrement bien ce problème, même si les réglages sont beaucoup plus sommaires que sur Lightroom 4.

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Correction des aberrations chromatiques

Comme on pouvait s’y attendre, le vignettage, qui est peut-être le défaut optique le moins gênant puisque certains photographes en rajoutent même exprès, est bien traité par DxO, de manière automatique mais comme pour chaque correction proposée on peut basculer facilement en mode manuel.

Dans la pratique, c’est très efficace, une fois qu’on a compris le fonctionnement de ces corrections complexes, on arrive rapidement à de très bons résultats.

Réduction du bruit numérique

Le bruit numérique est principalement dû à l’échauffement du capteur de l’appareil photo, surtout quand il est « poussé » (le gain de sensibilité est artificiellement créé augmentant le signal issu du capteur). Ce bruit numérique est particulièrement visible dans les zones sombres de l’image et prend la forme de petits « grains » colorés ou non qui nuisent à la qualité finale de l’image. Selon les boitiers et la sensibilité choisie (les ISO), le bruit est plus ou moins fort et surtout plus ou moins esthétiques.

Corriger ce défaut est essentiel pour obtenir des images exploitables, la difficulté étant de le faire à bon escient. La manière la plus simple de faire disparaitre le bruit est de lisser l’image…. l’inconvénient est que cette méthode donne une image toute molle. Et si on corrige ensuite en l’accentuant, on obtient une image qui ressemble à un dessin de BD: les contours sont nets mais il n’y a plus de matière. Un bon « débruiteur » va analyser l’image pixel par pixel et déterminer si chaque pixel est « légitime » ou non. Si un pixel n’est pas bon, il faudra le remplacer par un autre, en se basant sur les pixels adjaçants. C’est simple à expliquer mais avec des gros fichiers de plusieurs dizaines de millions de pixels, la tâche est lourde… très lourde!

Malgré tout, DxO est certainement l’un des logiciels, à l’heure actuelle, qui gère le mieux la réduction du bruit numérique faisant jeu égal avec Lightroom 4 même il faut reconnaitre qu’avec la majorité des images que j’ai traitées DxO montre une petite dérive chromatique et quelques aplats. Reste qu’il est toujours difficile de comparer 2 logiciels dont les réglages ne sont pas toujours identiques…

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Débruitage d’une photo à 3200 iso (réglages auto) avec DxO

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Débruitage avec Lightroom 4 (réglages manuels)

Attention! Ces résultats sont à prendre avec des pincettes: s’ils sont bons avec mon Canon EOS 7D, il faut préciser que ce boitier, sans être un foudre de guerre dans les hautes sensibilités, produit des images dont le bruit est plutôt agréable, régulier et proche du grain argentique. Je ne suis pas ingénieur chez Dxo Labs mais j’imagine que certaines structures de bruit numérique sont plus faciles à traiter que d’autres…

Hautes-Lumières/débouchage des ombres:

DxO possède une fonction intéressante qui fait une partie de sa renommée: DxO Smart Lighting ou « Eclairage intelligent » qui permet d’éclaircir les zones sombres sans affecter les zones claires, et ceci sans masques ou calques. Souvent ce type de fonction a un énorme inconvénient: du bruit numérique apparait assez vite et devient rapidement gênant si on pousse un peu fort la retouche. Mais ce n’est pas tout… Cette fonction permet également de récupérer automatiquement le plus de détails possible dans les zones très claires voire brûlées!

Et là, c’est propre, très propre! On parvient à récupérer beaucoup de détails dans les ombres sans augmentation notable du bruit numérique. Sur Lightroom une fonction similaire existe avec les curseurs Tons Clairs, Tons Foncés, Noirs, Blancs . Les résultats sont bons aussi mais restent un cran en dessous de DxO et sont moins simples à appliquer pour le néophyte.

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Dans cet exemple, on récupère beaucoup de détails au niveau de l’eau et des pares-battage sans pour autant augmenter la luminosité globale de l’image

Le mode automatique marche très bien. Mais si on souhaite reprendre la main, cela devient plus complexe. Un mode intitulé DxO Optics Pro 7 (qui affiche l’interface de la version précédente) permet en principe de doser précisément. Ainsi on peut choisir de déboucher les ombres sans pour autant corriger les hautes-lumières mais ce n’est pas très intuitif…

Augmentation de la netteté:

Là encore, DxO se devait d’être au rendez-vous en tant qu’expert de la question lorsque il analyse les boitiers et objectifs qui sortent sur le marché. D’après tous mes essais, DxO gère très bien l’accentuation. Même en poussant le curseur à fond, le résultat est très bon comme vous pouvez le voir sur cette copie d’écran.

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Réglage de la netteté: gain au maximum

Personnellement, je n’arrive pas à faire mieux avec Lightroom qui a pourtant les mêmes options de réglages. Je me heurte plus vite à l’apparition d’artéfacts disgracieux et je dois me contenter d’une image moins croustillante.

Et sans aller jusqu’à des valeurs élevées d’accentuation, on donne un bon coup de fouet aux fichiers RAW et le résultat est nettement au dessus des JPG directement issus de l’appareil. Cet argument pourrait convaincre ceux qui sont (encore) réticents travailler en RAW!

TRAITER

DxO a fait le choix de séparer cette étape du traitement proprement dit. On effectue tous les réglages dans la partie « personnaliser » et une fois que ceux ci sont terminés, la transformation en fichiers exploitables se fait à la fin du processus.

traiter-dxo

On choisit les caractéristiques du fichier de sortie: format, répertoire de destination, redimensionner et quelques secondes plus tard, la photo finale est enregistrée dans le dossier choisi.

C’est simple et efficace d’autant plus qu’on peut traiter plusieurs photos en même temps.

Conclusion

Et maintenant le verdict! Comme je l’ai dit en préambule, mes premiers pas avec Dxo, en version 5 et 6 m’avaient laissé sur ma faim. Je trouvais le logiciel lent et peu ergonomique. Cette version 8 change la donne! L’interface s’est nettement améliorée et la puissance du logiciel m’a convaincu. J’ai vraiment le sentiment que l’expertise de la société Dxo en terme d’analyse d’optiques et de boitiers se retrouve dans ce logiciel et que l’avenir est prometteur. DxO a annoncé ce jour un nouveau système de mesure baptisé Perceptual Megapixel: « Le Perceptual Megapixel permet d’effectuer de nombreuses comparaisons entre appareils photo et de quantifier pour la première fois l’impact de la netteté d’une optique par rapport à la résolution d’un boîtier. Ainsi, la différence de résolution perçue entre deux optiques peut être significative en fonction du boîtier auquel elles sont associées ».

Je trouve le concept fort intéressant et j’imagine que tous ces progrès réalisés vont se retrouver dans ce logiciel dans les prochaines version;-)

Une question se pose: est-ce que je conseillerais DxO à un photographe qui cherche un logiciel pour traiter ses fichiers RAW? Oui sans aucun doute!  DxO est un logiciel abouti qui remplira parfaitement sa mission. Certes il pêche un peu par sa simplicité dans l’organisation d’une photothèque mais sa qualité de traitement d’image compense largement cette faiblesse.

Une autre question se pose: est-ce que je conseillerai à un utilisateur de Lightroom de changer pour DxO. Non, pas forcément. S’il en a les moyens pourquoi pas. DxO gère très bien l’accentuation, la distorsion et les déformations par exemple et les réglages automatiques sont convaincant. Sinon, l’absence de catalogue, et des fonctions de diaporama, site web, impression sont pénalisant pour les photographes qui veulent gérer toute leur production de la prise de vue à l’impression.

J’ai aimé:

  • Les réglages par défaut
  • La qualité d’image finale
  • La très bonne gestion des distorsions et déformations
  • L’accentuation très bien dosée

Je n’ai pas trop aimé

  • Le manque d’option pour la correction des aberrations chromatiques

Je n’ai pas aime:

  • L’absence de fonction catalogue digne de ce nom

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