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Vendre ou acheter d’occasion: comment éviter les arnaques?

Hier, mon ami Franky a publié un article sur le marché de l’occasion comme solution économique quand on veut d’acheter du matos photo. Son article m’a fait pensé que j’avais préparé depuis quelques temps un article sur le sujet, mais traité sous l’angle des arnaques potentielles. Si Internet a révolutionné le marché de la petite annonce, le site leboncoin.fr étant l’exemple le plus frappant, il a aussi favorisé l’émergence d’arnaques à grande échelle!

J’ai d’ailleurs failli être victime d’une arnaque il y a une dizaine d’années : j’essayais de vendre une table de mixage, sur un site de petites annonces en ligne. Un type se présentant comme un musicien habitant en Côte d’Ivoire répond à mon annonce en me disant qu’il cherchait justement ce modèle et qu’il était prêt à payer les frais de port (forcement élevés) mais qu’il voulait régler par Western Union et recevoir le colis via UPS. Vous verrez ci-dessous comment fonctionne l’escroquerie !
Au dernier moment, j’ai eu un doute et je n’ai pas conclu la transaction avec lui. Mais des milliers de gens ont dû tomber dans le panneau. Et allez porter plainte contre un type qui habite en Côte d’Ivoire, mission impossible !
Bref, j’ai failli être victime d’un de ces escrocs et il me semble utile de faire le point sur les risques encourus avec l’achat ou la vente via des petites annonces.
Nous allons voir deux cas de figure : vous êtes acheteur… ou vendeur !

Vous êtes acheteur

Ca y est, vous avez trouvé l’objectif de vos rêves! Le prix est raisonnable mais quand même, vous n’avez pas envie de dépenser une telle somme pour finalement vous faire arnaquer.
Les arnaques dont sont victimes les vendeurs sont finalement assez simples à identifier et se résument souvent à un défaut de paiement.
Mais pour les acheteurs, le risque de rencontrer des difficultés est bien réel est bien plus important. Il existe quelques précautions à prendre pour mettre toutes les chances de son côté.
Voyons quels sont les risques…

1. Ne pas recevoir la marchandise

C’est le pire cas de figure : vous payez la marchandise mais vous n’envoyez jamais la couleur. Soit le vendeur ne l’a jamais expédiée, soit il s’est perdu en route (perte ou plus probablement vol pendant le transport).
C’est très difficile de vérifier si le vendeur a bien expédié la marchandise… et même s’il possédait bien l’objet mis en vente ! Il peut toujours vous fournir une preuve de dépôt mais cela n’attestera en rien du contenu du colis.

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Si le colis est perdu par le transporteur, c’est là aussi très difficile de savoir ce qui s’est passé. La Poste par exemple, vous envoie un courrier pour vous annoncer qu’elle a ouvert une enquête… mais en général elle n’aboutit pas (vol dans les entrepôts, dans les véhicules…). J’ai personnellement testé, on ne retrouve jamais votre colis et la procédure de « recherche » dure plusieurs semaines

2. Recevoir une marchandise non conforme à la description

C’est moins grave que de ne pas recevoir du tout le colis…mais c’est tout de même fâcheux. Le vendeur vous avait assuré que l’objectif était vendu dans sa boite avec tous les accessoires. Vous vous rendez compte qu’il manque le pare-soleil et le mode d’emploi. Problème !

3. Recevoir une marchandise en mauvais état

Le vendeur vous envoie bien l’objectif, conforme à la description mais vous apercevez des traces de moisissure à l’intérieur, ou des micro-rayures sur la lentille frontale. C’est ennuyeux, surtout si l’annonce mentionnait bon ou excellent état….

Que faire pour limiter les risques ?

Le risque zéro n’existe pas mais voici quelques conseils utiles pour ne pas vous faire avoir.

  • N’achetez jamais en dehors de votre pays de résidence. Poursuivre une personne résidant à l’étranger est toujours plus compliqué que dans son propre pays.
  • Demandez la facture pour éviter les objets volés.
  • Demandez toujours des photos, originales, de l’objet vendu (pour être sûr qu’elles sont originales, vous pouvez demander au vendeur de mettre votre nom sur un papier à côté de l’objet). Si vous voulez voir un détail, demandez une photo de ce détail.
  • Si vous achetez un objectif ou un boitier, vous pouvez demander une photo prise avec, idéalement un fichier RAW. Vérifier les EXIFS.
  • Demandez toujours l’adresse et les coordonnées tel du vendeur : vérifiez-les et a appelez-le au téléphone pour parler de l’objet.
  • Demandez-lui s’il a une galerie, un site de photo perso, un blog ; s’il est actif sur des forums, sur Facebook ou Twitter.
  • Faites-vous confirmer par écrit (mail) les caractéristiques de l’objet : désignation, accessoires, facture originale et état de l’objet.
  • Payez uniquement via un moyen qui laisse des traces et non anonyme : virement bancaire, Paypal, chèque… Jamais de liquide par correspondance, bien sûr.
  • Demandez au vendeur de vous expédier l’objet avec une assurance. En cas de perte de cet objet, il pourra demander son remboursement (dans la limite de la garantie prévue par l’assurance).

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Que faire en cas de litige ?

Si vous ne recevez pas l’objet, contactez le vendeur. S’il vous parait de bonne foi, essayer de trouver une solution ensemble. A-t-il pris une assurance transport ? Faites tous les 2 des démarches auprès du transporteur. S’il obtient remboursement, il sera plus enclin à vous rembourser ensuite.

Si vous pensez que l’acheteur n’a jamais rien envoyé, demandez-lui des comptes et envoyez-lui un courrier de mise en demeure en recommandé avec accusé de réception. Si rien ne se passe, vous pouvez porter plainte (http://vosdroits.service-public.fr/F1435.xhtml) contre lui mais le parcours juridique sera long et très incertain. Autant le consommateur est en général bien protégé lors d’une transaction avec un professionnel, autant la vente entre particulier n’est soumise à aucune loi particulièrement protectrice pour le vendeur ou l’acheteur.

En cas de non-conformité, exigez l’annulation de la vente ou un remboursement partiel correspondant à la différence de valeur induite par le défaut en question. En cas de refus, lettre de mise en demeure puis plainte si besoin.

La remise en main propre :

Pour le vendeur comme pour l’acheteur, la remise en main propre est la manière la plus sûre de conclure une transaction. On peut regarder le matériel en détail, l’essayer et pourquoi pas sympathiser avec l’autre sur notre passion commune !

Cas particulier : La question du nombre de déclenchements

Lorsqu’on achète un boitier, on aime bien savoir le nombre de déclenchements qui ont été effectués. On ne peut pas le savoir avec précision. Il existe quelques logiciels qui permettent de le déterminer mais ils ne fonctionnent pas avec tous les boitiers. De plus, c’est assez simple de « trafiquer » les résultats. Le seul moyen d’être sûr est d’envoyer le boitier au SAV Canon… Pas très pratique…
Essayez plutôt de faire votre petite enquête. Le boitier d’un photographe pro sera forcément plus utilisé que celui d’un amateur (sauf amateur « expert »). Méfiez-vous des boitiers de photographes de concert. C’est une discipline dans laquelle on déclenche beaucoup (jusqu’à plusieurs milliers de photos par soirée).
Un appareil avec beaucoup de déclenchements ne signifie pas forcément mauvais appareil : certains boitiers sont prévus pour plusieurs dizaines de milliers de déclenchements.
N’hésitez pas à faire baisser un peu le prix d’un appareil avec beaucoup de déclenchements. Il peut alors devenir une bonne affaire. Un photographe qui shoote beaucoup a des chances d’être un passionné et de faire attention à son matériel.

Vous êtes vendeur

Vendre son matériel photo c’est souvent le moyen de monter en gamme, de financer un autre projet ! Le risque de se faire avoir est moins important que si vous êtes acheteur mais pas inexistant !
Les arnaques les plus courantes
Elles prennent 2 forment différentes :

  • Vous envoyez l’objet à votre acheteur mais vous n’êtes pas payé
  • Vous envoyez l’objet à votre acheteur, il ne vous paye pas… et vous soutire en plus de l’argent

1. Vous envoyez l’objet à votre acheteur mais vous n’êtes pas payé

La variante la plus courante se rapproche de l’arnaque à la nigériane (vous recevez un mail d’une personne qui a besoin de vous pour toucher un gros héritage… et qui vous offrira quelques millions en échange)
L’acheteur vous contacte, en général par mail, et vous propose, la plupart du temps sans discuter le prix, de vous faire un virement via Western Union pour vous payer l’objet. Il vous promet de vous envoyer le code confirmant le dépôt de l’argent et vous demande en échange une preuve de dépôt de votre objet à la poste ou plus souvent chez UPS. Souvent votre acheteur habite en Afrique de l’ouest, et est très pressé de vous l’acheter ou bien il connait un ami qui en a besoin. Il est prêt à payer 100€ de frais de port pour un boitier ou un objectif à 500€.

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Il dit ensuite avoir fait le virement et vous envoie le précieux code à X chiffres qui vous permettra de retirer la somme chez Western Union. Mis en confiance, vous envoyez l’objet, via UPS ou autre et vous allez tranquillement chercher vos sous chez WU. Mais là, surprise, le code que vous donnez n’est plus valide…

Que s’est-il passé ?

L’arnaqueur a effectivement déposé la somme chez Western Union à votre destination. Il a obtenu un code à fournir au bénéficiaire. Mais quelques heures plus tard, il annule ce virement. Le code qu’il vous envoie ne correspond donc plus à aucun virement !

Vos recours ?

Quasi nuls ! Ces arnaqueurs opèrent en général depuis le Nigeria, la Côte d’Ivoire… Aucune chance qu’une procédure judiciaire internationale soit lancée pour un objet de 500 euros !
Vous pouvez toujours déposer une plainte auprès de la gendarmerie ou au commissariat le plus proche (http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_votre_service/votre_securite/internet/cybercriminalite/escroqueries-internet)
Mais ne vous attendez pas à être payé ou à retrouver votre bien !
Evidemment, il existe de nombreux autres moyens de ne pas être payé :

  • Vous recevez la copie d’un ordre de virement bancaire, mais le virement est annulé juste après.
  • Vous recevez un chèque en bois (sans provision)
  • Vous envoyez l’objet contre la promesse d’être payé dès réception
  • L’acheteur vous paye avec de la fausse monnaie

2. Vous envoyez l’objet à votre acheteur, il ne vous paye pas… et vous soutire en plus de l’argent

C’est une variante habile de celle décrite précédemment… mais encore plus douloureuse pour le vendeur. Elle commence pareil mais au moment du pseudo virement, l’arnaqueur vous annonce qu’il s’est trompé et qu’il a versé, disons 200€ de trop. Il aimerait bien récupérer cette somme très rapidement et vous demande alors de lui renvoyer cette somme via Western Union. Conscient du dérangement que cela vous cause il vous en laisse une partie, disons 70€. Appâté par le gain, et parce que vous êtes honnête, vous vous rendez chez WU et vous envoyez gentiment 130€ à celui qui vous dépouillera de votre appareil photo ! Imparable !

Comment limiter les risques ?

  • Parfois, une vente à distance est la seule solution. Il existe toujours des risques mais vous pouvez les limiter en prenant les précautions suivantes :
  • Ne faites affaire qu’avec quelqu’un qui a son domicile dans le même pays que vous.
  • Demandez le numéro de tel fixe de la personne
  • Vérifier que le nom, le numéro de téléphone et l’adresse correspondent dans l’annuaire (mais certains sont en liste rouge)
  • Parlez à votre acheteur au téléphone : s’il ne s’y connait pas du tout en photo, c’est bizarre qu’il veuille absolument votre Canon EF 70-200 F/2.8L IS USM à 1300€.
  • Peut-être a-t’il un site, un blog, une galerie photo ? Est-il actif sur des forums photo ? Une page Facebook, un compte Linkedin ?
  • Faites-vous payer via un virement mais attendez de voir la somme arriver sur votre compte avant d’envoyer l’article.
  • Pour les grosses sommes, vous pouvez demander un chèque de banque. Certifié par la banque émettrice, il sera forcément honoré.
  • Envoyez votre objet via un transporteur qui propose une assurance et remis uniquement contre signature (pour vous prémunir contre la mauvaise foi éventuelle de l’acheteur)

La vente en direct

La seule manière de ne courir (presque) aucun risque c’est l’échange en mains propres. Vous remettez votre bien en échange d’un paiement en liquide (ou chèque de banque). Soyez tout de même attentifs aux faux billets même si c’est parfois compliquer de les repérer sans machine à ultraviolets. En plus, cette rencontre permettra aussi à l’acheteur de vérifier l’état de l’objet que vous vendez. La vente sera ainsi plus facile à réaliser.
Dernier avantage comme pour le cas de figure où vous êtes acheteur : vous pourriez faire une rencontre intéressante. Entre photographes, le courant passe bien en général !

Et vous chers visiteurs, avez-vous des conseils en la matière ? Une anecdote ?

8 commentaires sur “Vendre ou acheter d’occasion: comment éviter les arnaques?”

  1. Chouette billet ! Ben dis donc, je connaissais l’arnaque de WU mais celle où en plus il arrive à soutirer de l’argent à sa victime, c’est fort (si j’ose dire ^^).

    Je privilégie toujours l’achat/vente en direct, j’achète uniquement sur la région parisienne. Quand je vends un produit sur leboncoin, je précise que je préfère la remise en main propre mais si l’acheteur ne peut pas se déplacer, j’accepte de l’envoyer après avoir reçu le paiement (virement). Et pour qu’il se sente en confiance par rapport à moi, le vendeur, je lui donne le lien de mon blog 😉 Ce qui confirme ton conseil !

    Au final, une telle transaction est basée sur la confiance entre acheteur et vendeur, et pour ça il faut, comme tu le dis, discuter !

    1. Oui, la variante pour soutirer de l’argent est excellente! Les voyous sont malins 🙂

      Tu as raison aussi sur le fait de donner un adresse de site ou blog, surtout dans le monde de la photo: si tu es présent partout sur la toile, difficile de disparaitre en arnaquant les gens.

  2. Ah tiens je viens de penser à cette option: vendre son matériel d’occasion en toute sécurité dans un magasin de photo qui fait des reprises, à condition d’y acheter du neuf ! C’est comme ça que j’ai vendu mon D300S et acheté le X-E2 🙂

  3. Bon article.
    D’après ma banque, il paraît que le chèque de banque n’est plus aussi fiable, car certains arriveraient à en faire des faux vraiment « bons ». Alors sans doute que pour un « petit » montant, l’arnaqueur ne le tenterait pas, mais cela arrive pour la vente de voiture.
    J’ai entendu des rumeurs sur des paiement Paypal ou autre qui pourraient être annulés dans les 48h : l’acheteur paie, le vendeur voit le virement, envoie le produit, l’acheteur annule son virement…
    Quelqu’un en a entendu parler ?

    1. J’avais pas pensé au faux chèque de banque…. J’imagine qu’il vaut alors mieux le présenter à sa banque avant de livrer la matos.

      Quant a Paypal, je crois que tu as raison… Mais je n’ai pas plus d’info que ça. Perso, je n’utilise quasiment pas paypal, et en tout cas jamais pour des transactions de particulier à particulier.

  4. Très bon article vraiment complet. Je suis plutôt frileuse s’agissant de l’achat de matériel d’occasion, ton billet ne me rend pas plus courageuse… Perso, je préfèrerais m’adresser à un magasin qui vend des occases après les avoir dûment vérifiées. J’envisage du reste de vendre un des mes appareils dans un de ces commerces pour en acquérir un autre.

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