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[La grande interview] 3 photographes Strobist

Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la technique Strobist, en grand consommateur du web que je suis, je suis allé voir ce que d’autres photographes faisaient et je suis tombé sur le site Strobi.fr. Un collectif dont le travail s’articule autour de l’utilisation de flashs déportés. Chaque mois, ses membres relèvent un « défi », une interprétation d’un thème imposé. On peut participer en tant que photographe « challenger », ce que j’avais fait pour le thème du corps humain. L’intérêt de ce collectif est de proposer autant d’approche qu’il y a de participants, chacun avec sa sensibilité, sa maitrise technique. Pour chaque photo, un schéma de lumière et des explications indiquent la méthode utilisée et l’intention du photographe.

Je vous propose aujourd’hui de découvrir trois d’entre eux, Frédéric Chelmas, Sophie Palmier et Niko Vallet!

fred-Frédéric Chelmas

Frédéric Chelmas

marc-Niko Vallet

Niko Vallet

sophiepalmier-portrait

Sophie Palmier

Pourquoi eux? Il fallait bien choisir… et j’avais déjà échangé avec eux via twitter ou Facebook bien avant d’avoir l’idée de faire cette interview. Mais n’oubliez pas d’aller découvrir le travail de leurs petits camarades! Quant à Régis, l’un des membres de ce collectif dont je vous ai parlé plusieurs fois sur ce blog et que j’ai la chance de connaitre IRL, il aura droit, s’il en a envie, à une petite interview « rien que pour lui » 😉

Je vous laisse donc en compagnie de nos trois flasheurs qui ont plein de choses à nous dire… enfin surtout Niko qui est le plus bavard de tous!

Qui êtes vous, en dehors des photographes que nous rencontrons aujourd’hui?

Frédéric: Je suis marié et un heureux papa de trois beaux enfants ! j’ai 42 ans et un sens de l’humour décapant

J’aime le chocolat, le chocolat et ….. le chocolat !!!

Je n’aime pas les malpolis et les endives au jambon

Sophie: J’aime rire, je suis bordélique (mais je me soigne),parfois (souvent) obsessionnelle, accroc à la musique..

Niko: Hello, Niko bientôt trentenaire vivant sur Paris. Je me suis spécialisé dans le mariage et les portraits pour particuliers, artistes ou professionnels. En dehors du photographe, j’ai fait le choix pour le moment de continuer à exercer un autre métier dans l’informatique. Sinon je suis un grand amateur de musique et plus particulièrement de Stoner/Doom/Sludge pour les connaisseurs tout en essayant de rester éclectique, je joue un peu en groupe avec mes collègues. La musique est très liée à la photo pour moi, c’est quelque chose de vraiment très important. J’aime apprendre et aider les autres à apprendre et je pense être quelqu’un tout en contraste. Comme par exemple être amateur de musique de bourrin ou de rugby / sport de combat tout en aimant réaliser des images émouvantes ou en témoignant avec douceur et émotion des mariages auquel j’ai la chance d’être prestataire. Je ne sais quoi dire de plus là comme ça je vais avoir l’impression de faire un profil meetic après 😉

Je suis open aux questions si ça peut en intéresser certains.

Comment est née votre passion pour la photographie?

Frédéric: Je n’en sais rien, depuis tout gamin j’ai toujours fait des photos, enfin je déclenchais beaucoup sans trop réfléchir et un jour j’ai eu l’ingénieuse idée de cadrer, régler, chercher !

Sophie: C’est en offrant un appareil réflex à ma moitié que j’ai découvert la photographie; d’abord très attirée par l’aspect technique,j’ai vite été prise par l’aspect artistique et l’éventail de possibilités. Je me suis équipé d’un Canon 20D, d’un 50mm et l’aventure a commencé.

Niko: Hum franchement je dois avouer que c’est toujours une question qui m’embête car je sais pas trop comment y répondre, tout n’est pas limpide pour moi.

J’avais déjà raconté le cheminement sur le blog de l’ami Régis, d’ailleurs c’était il y a deux ans c’est marrant de relire ce que je disais et de voir les points qui ont évolués. Depuis j’ai d’ailleurs bien compris pourquoi j’en suis venu à la photo et pas juste comment, c’est un concours de circonstances heureuses ou malheureuses qui désormais me semble logiques par rapport à qui je suis ou ce que je veux devenir. D’ailleurs en me projetant dans l’avenir ça ne m’étonnerait pas que la photo soit aussi au final une circonstance heureuse pour arriver à autre chose: vidéo, cinéma, spectacle.. j’en sais rien, pourquoi pas 🙂

Comment en êtes-vous arrivé à utiliser des flashs déportés?

Frédéric: La découverte du Strobist fut un révélation et le travail de Zack Arias principalement avec du One light (utilisation d’un seul flash) à été l’élément déclencheur

Sophie: J’ai mis quelques mois à trouver ce que j’avais vraiment envie de faire; je prenais mon appareil avec moi à n’importe quelle occasion. J’ai rapidement compris que je me tournerais vers le portrait. En faisant des recherches sur le net pour savoir comment améliorer ma technique, je suis tombé sur la photo de studio. N’ayant pas les moyens de m’équiper de façon exceptionnelle, le strobisme s’est présenté comme une évidence, c’était une solution simple, légère et efficace de sculpter la lumière.

demonizr-sophiepalmier

Niko: Très tôt dans mon apprentissage de la photo, j’ai très vite compris que tout était lié à la lumière, en tout cas pour ce que j’avais envie de faire. La technique du boitier a été très vite assimilée, le mode manuel, le triangle d’exposition etc et alors j’ai commencé à me poser des questions sur la lumière utilisée dans des photos que j’aimais… Comment ils ont fait ? Dès lors, j’ai lu beaucoup de bouquin sur la lumière, pas forcément photographique mais plutôt optique, j’avais besoin de comprendre comment marchait ce que je voulais dompter. Les flashs déportés sont alors devenus un des moyens d’arriver à ce que je voulais dans toutes les conditions et n’importe ou pour pas trop cher. Après avoir autisté quelques semaines sur toutes les ressources que je trouvais sur le domaine sur le net, je me suis offert une formation qui m’a permis de bien me mettre sur les rails pour me perfectionner avec les flashs. Depuis je les utilises dans quasiment tous mes projets créatifs mais pas nécessairement tout le temps, c’est assez marrant d’ailleurs car on parle souvent de moi comme étant un flasheur , sauf que 90% sont en lumière naturelle/disponible. Se mettre aux flashs, c’est avant toute chose penser et regarder la lumière autrement, toutes les lumières !

Vous utilisez quasiment les mêmes techniques strobist. Mais vous avez chacun votre style: comment le définiriez vous?

Frédéric: La question ! Le grall, cette chose que l’on cherche à tout pris….identifier son style et le développer. Pas simple de répondre, mais je dirais old school, intimiste, humain.

Sophie: J’aime que mes images racontent une histoire, j’aime que mes images flirtent avec l’aspect que pourraient avoir une peinture ou un dessin. M’écarter de la réalité m’intéresse beaucoup; mes images sont souvent assez sombres autant au niveau du thème que visuellement.. Je ne saurais pas l’exprimer autrement..

audepart-sophiepalmier

Niko: Tous les guitaristes jouent de la guitare, souvent sur les mêmes gammes voir les mêmes accords selon les styles de musique et pourtant ils ont chacun un style aussi. La photo c’est pareil pour moi, on a tous les mêmes outils mais on en fait pas tous la même chose (sauf ceux qui copient hum hum lol) car tout est une question de choix. Ombres douces ou dures, contrastes importants ou pas, éclairages réaliste ou fantaisiste, rajoute à cela l’aspect créatif des idées de composition, le gout pour certaines expositions ( moi je shoote souvent contre la lumière naturelle par exemple), la gestion de modèles ça commence à faire pas mal de raisons pour lesquelles on a chacun son style.

Après personnellement, je sais que j’aime les noirs profonds, généralement les contrastes (de couleurs, d’ombres, de lumières ou dans la composition), que je puise mes idées essentiellement dans ma personnalité, la musique et le cinéma. J’essaye d’étonner ou en tout cas dans certaines mesures de ne pas faire ce que j’ai déjà vu sauf si c’est une commande bien précise.

Ce n’est pas frustrant de n’utiliser des flashs cobra? Il existe de plus en plus de flashs de studio « transportables ». C’est l’étape d’après?

Frédéric: Que nenni ! cela n’est pas frustrant, cela est pratique dans bon nombre de situation, ils sont légers, peu encombrants, mais il est vrai que dans certain cas la puissance n’est pas suffisante et c’est là qu’entre en scène monsieur studio portable ! J’ai déjà utilisé les deux en meme temps

L’étape d’après ? Un flash studio portable… possible, surtout en pleine journée ensoleillée !!!!

self-Frédéric Chelmas

Sophie: Pas frustrant, mais limité dans certaines situations.

Effectivement j’aimerais m’équiper d’un flash studio plus puissant avec une batterie externe. Cela dit mes flashs cobra ne seront jamais très loin.

Niko: Qui te dis qu’on utilise que des flashs cobras ? Pour ma part j’utilise tout type de source de lumière tant que ça fait ce que je veux. La lumière c’est en gros une température de couleurs, une intensité, un angle d’illumination, une durée, après c’est que des questions ergonomiques ou logistiques par rapport à son « émission ». J’ai déjà shooté avec des flashs transportables, des cobras bien entendu qui sont l’essentiel de mon parc, des flashs de studios avec des projecteurs HMI (lumière continue)… Tout ça n’est pas vraiment important.

Mais pour répondre à ta question, j’utilise principalement des cobras pour leur mobilité, avoir quelque chose de « transportable » c’est déjà trop pour moi dans ma manière de travailler. Alors oui il y a la limitation due à leur puissance (qui est parfois mal comprise ou interprétée en plus) mais si on sait ce qu’on fait alors on pense ses photos avec ces contraintes et on trouve toujours une solution.

Pour ma part, c’est l’étape d’après dans l’équipement et encore… Tant que je le pourrai, je me baladerai avec le moins possible. Mais faut pas penser qu’on a passé une étape photographique/strobistique (oui j’invente des mots lol ) parce que on a des flashs plus gros et plus puissant.

A ce niveau je trouve d’ailleurs que le marché émerge, j’attends la prochaine photokina, où à mon avis il y aura beaucoup d’innovations, avant d’investir dans ce type de matériel. Il suffit de voir les annonces autours du Profoto B1, du cactus RF60 ou V6, des produits Godox ou Lumopro… C’est que le début, quand j’ai commencé y avait déjà pas autant d’options c’était un vivitar et des intercalaires de couleurs pour faire les gélatines.

Quelles qualités faut-il selon vous pour maîtriser l’éclairage déporté?

Frédéric: L’anticipation, la réflexion et la maîtrise des réglages du boîtiers ainsi que des flashs selon le résultat souhaité, sans oublier la vision du rendu des différents modeleurs afin de rester LE patron et faire ce que l’on a décidé

Sophie: Je suis pas sûre qu’il faille avoir des qualités particulières.

Niko: Je me permets de regrouper ces deux questions (han le lourd !) [ndr: celle-ci et la suivante] car je veux donner le truc pour parler ensuite des qualités 😉

Le truc à comprendre pour moi, c’est d’oublier le strobisme, ne pas penser flash dans sa construction des lights sinon on fait du studio. Ne pas penser technique sinon on fait rien car on attend d’avoir le dernier machin bidule hss ttl alors qu’il y a surement un moyen de faire autrement.

A mes yeux le strobism n’est pas l’art de l’utilisation du flash cobra mais un peu plus que cela, c’est l’art de mixer les sources d’illumination où on veut quand on veut avec du matériel qui peut être mobile et économique. C’est un moyen, un outil dans la palette du photographe, pas une finalité ni même un style malgré la popularisation du terme. Les flashs déportés existent depuis quasiment le début de la photographie avec les flashs à poudre ils ont juste changé de forme et sont devenus plus pratiques avec les flashs de cobras ou de studio.

On en vient alors aux qualités, il faut pas penser matos, il faut penser lumière c’est ce que j’essaye de transmettre lors des formations que je donne. Il faut se demander quel va être le rendu de la lumière que l’on place avant même de la placer ou de l’avoir, comment elle va se propager, sur quoi elle va se réfléchir, en quelle quantité, quels vont être ses avantages par rapport au modèle ou l’ambiance que l’on veut dégager, est ce que c’est assimilable à une situation lumineuse qu’on pourrait retrouver en lumière naturelle/disponible ou dans l’art (cinéma, peinture etc)… Si j’ai pas de flashs avec quel autre source je pourrais avoir un résultat similaire (ce genre de question permet de trouver des solutions bricolées) ?Avec la connaissance de la lumière, l’aisance technique sur l’utilisation d’un flash en manuel (ce qui veut pas dire ne pas shooter en ttl, mais comprendre ce qu’il se passe en manuel) tout devient assez logique pour choisir ses modeleurs et penser ses scènes/rendus.

C’est quoi, LE truc à comprendre pour progresser dans le strobisme?

Frédéric: Et bien je dirai qu’il faut déjà régler son boitier en fonction du rendu souhaité de l’arrière plan et ensuite régler la puissance du flash pour éclairer le sujet correctement, une fois ces paramètres assimilés ont peut se concentrer sur la créativité.

Sophie: Il faut apprendre à utiliser la lumière, apprendre comment fonctionne la lumière. À partir de là il faut mettre en application, essayer, s’entraîner, tester encore et toujours.

Concernant le matos, que conseilleriez-vous comme achats de base pour se lancer dans cette technique?

Frédéric: Un trépied, un parapluie, une rotule porte parapluie et des déclencheurs radio…… un boitiers avec un objectif et un flash ! (je vous avez prévenu !!!)

Sophie: Surtout aller au plus simple, c’est devenu très abordable ; équipez-vous d’un bon trépied pour flash, une rotule solide, de déclencheurs et d’un flash cobra à petit prix que vous pouvez trouver facilement en boutique ou sur le net; ajoutez-y un parapluie diffuseur basique, ou une boîte à lumière de taille moyenne et vous avez de quoi commencer assez rapidement. Pour une centaine d’euros vous êtes parés!

enapesanteur-sophiepalmier

Niko: Vraiment pour commencer, un flash manuel, une paire de transmetteur manuel, un parapluie blanc et un pack de gélatine. On peut alors faire des choses top rien qu’avec ça et avec beaucoup d’essais au début. Bossez sur des objets au lieu de modèles pour commencer, passez au modèles qu’une fois que vous avez fait le tour de votre matériel et de ses possibilités ainsi vous pourrez vous consacrer à la gestion du modèle, de votre mise en scène et pas aux paramètres techniques.

Pourriez-vous décrire votre processus de travail pour réaliser une photo? C’est « à l’arrache »? Ou minutieusement préparé?

Frédéric: Je suis plutôt organisé et mes shoots sont pensés, dessinés et prévus à l’avance, cela n’empêche pas l’improvisation fort heureusement, mais est vrai que je ne sort jamais avec du matos en me disant « on verra bien » j’ai toujours une idée de ce que je vais faire ou si je n’ai pas d’idée je sors pas de ma caverne !

DSC_1943-Frédéric Chelmas

Sophie: En ce qui concerne Strobi c’est toujours un petit peu à l’arrache. Pas toujours évident de faire coïncider tous les plannings.

Plus généralement mes shoots sont assez réfléchis; quand une idée me vient, j’en fait généralement un dessin grossier dans un petit calepin que je traîne partout avec moi, j’élabore un diagramme d’éclairage et je m’occupe ensuite de trouver l’endroit et les modèles qui conviennent.

Niko: Heu comment dire, c’est un joyeux bordel organisé généralement, complètement à l’arrache en tout cas dans le cadre de strobi. Pour les commandes c’est différent car on a défini exactement ce que veut le client avant la séance. Pour les projets de strobi, déjà il y a les contraintes logistiques. Essayer de sortir une image tous les mois pour laquelle parfois on est pas inspiré (et pas payé lol)… Et alors se dégager une journée pour shooter/traiter et sans compter l’organisation du shooting : casting, cattering si nécessaire, motivation des troupes, régler les soucis logistiques… Et bien c’est pas simple. Dans ces cas bien souvent, je fais tout pour avoir de la matière pendant le shooting pour essayer plusieurs idées auxquelles j’ai pensé et alors le défi, la créativité et la motivation font que ça évolue pendant la séance au gré de mes envies et des suggestions des participants.

D’autres fois, quand le sujet m’inspire, dans ce cas c’est beaucoup plus arrêté dans ma tête, je peux même réaliser des croquis ( d’un niveau d’un enfant de 6 ans) pour pouvoir parler de chaque détail avec l’équipe ou ne rien oublier dans ce que je veux évoquer. Alors on shoote ce que j’ai prévu en premier généralement et ensuite on essaye d’autres trucs si tout le monde est encore en forme, ça m’arrive parfois de pas choisir l’idée initiale mais ça devient plus rare. Dans ce contexte, je pense qu’il est toujours important de se laisser emporter par ses envies et son instinct, souvent la photo finale ne ressemble pas à mon croquis (bon qui déjà ressemble pas à grand-chose) mais on voit bien que c’est la base de tout, il faut pas se cantonner tout le temps à ce qu’on a en tête.

Vous faites souvent appel à des modèles dans vos shootings. Vous préférez bosser avec des pros ou plutôt avec des débutants, proches, famille…?

Frédéric: J’aurai du mal à vous faire croire que je ne shoot jamais ma famille, car je shoot beaucoup mes enfants qui me suivent dans ma démarche photo.

Pour le reste j’ai shooté beaucoup de pro mais aussi réalisé beaucoup de premiers shootings avec des débutantes, c’est bien souvent entre les deux que c’est compliqué avec des modèles qui se prennent pour des stars car elles ont shooté trois où quatre fois, mais je n’ai que peu de souvenir du genre, cela se sent en général !

ange ju- Frédéric Chelmas

La complicité artistique et le travail font LA différences dans tous les cas, pro ou non et mon choix se porte vers des personnes qui ont cette sensibilité !

Sophie: Je préfère travailler avec des gens peu expérimentés mais très expressifs, j’aime les gens qui ont des quelquechose à raconter.

J’aime tout particulièrement travailler avec ma famille ou avec mes proches; cependant je suis vite un peu plus exigeante avec eux.

Niko: Là aussi cela va dépendre du contexte, pour un client uniquement des pros qui ont conscience des conditions de shooting du début à la fin que ce soit les temps de préparation ou les conditions d’utilisation des images. Aussi, ils tiennent beaucoup plus longtemps si on doit beaucoup shooter et on des palettes plus importantes de poses ou d’émotions ce qui dans certains cas va faire toute la différence si les photos commandées sont pas hyper mises en scènes.

Pour mes projets perso, c’est différent. Il s’agit déjà de demander à des gens de consacrer du temps gratuitement, les pros sont parfois très ouvert si le projet les intéresse mais voilà beaucoup de mes images sont pas forcément utilisables dans un book. Ils ont alors que peu d’intérêt à participer sauf si le sujet leur parle vraiment, qu’ils commencent ou qu’ils veulent passer un bon moment. Il y aussi un problème avec les pros sur ce type de projets, c’est les annulations, c’est pas tout le temps mais ça arrive, parfois un manque de motivation après une semaine à shooter rémunéré (ce qui se comprend) ou bien alors il y a un projet rémunéré qui tombe au dernier moment à la place du shoot fait gratuitement (et là ça se comprend aussi qu’il y a des priorités).

Donc je fais souvent appels à des particuliers, pas forcément proches mais qui vont alors me convaincre par leur motivation sur l’idée proposée via leur suggestions ou questions. Ils s’impliquent alors beaucoup et selon ce que je connais d’eux je peux utiliser leur histoire pour les emmener à ce que je veux ressentir d’eux.C’est assez intéressant et il y a un lien avec la façon dont je travaille avec mes clients particuliers, c’est assez formateur réciproquement.

Et il y a un autre profil que j’affectionne, les comédiens, ils ont souvent des qualités des deux précédents mais parfois avec un défaut : ils sont pas à l’aise en photo (pas toujours). Car par rapport au théâtre/cinéma ils leur manque un contexte, un personnage qu’il connaisse à nous alors de trouver ce qu’il faut pour les emmener dans le personnage que l’on veut sans tout cela.

Vous appartenez tous les 3 au collectif Strobi.fr. Qu’est ce que cela vous apporte dans votre activité photographique?

Frédéric: Je vais essayer de faire court, mais c’est pas gagné !

  • Me toaster la cervelle à force de repousser certaines limites dont celle de travailler à l’arrache (ce que j’adore, si vous avez bien lu !!!!!)
  • passer pour un mec cool et à mon âge tout les subterfuges sont bons
  • être reconnu pour mon organisation (private joke qui mérite une explication, je suis souvent en avance sur les créa)
  • faire que les femmes s’évanouissent dès que je prononce le mot Strobi, pas fonctionné à l’heure où j’écris ces lignes, faut que j’en parle à nos deux co-fondateur, m’aurait on mentit ?
  • avoir une créa incroyable
  • faire parti d’un groupe composé avec des gens formidables ce qui me fait aller de l’avant…..

Dites je peux en avoir encore un peu car je ne suis pas rassasié !!!!!!

Sophie: Faire partie de ce collectif, me permet de me tourner régulièrement vers mes projets personnels.

Travailler sous la contrainte peut être stimulant et plutôt formateur.

Niko: Un peu comme je viens de le dire au-dessus, on apprend énormément sur soi et sur les autres lors de ces projets créatifs. Déjà on passe tout le temps un bon moment, on se marre bien même si je suis pointilleux sur certains trucs et détails… Des choses que j’apprends lors de ces shoots me servent alors avec mes clients et inversement, j’adore ce côté inter dépendant qui m’est nécessaire dans ma créativité et ma vision de la profession. Après le collectif, entre nous, on s’apporte beaucoup, de l’entraide technique, logistique, créative ou simplement la motivation qui manque parfois… On va essayer de communiquer plus sur ces points dans les semaines à venir sur le site.

Enfin, je conseille à tout le monde d’essayer de participer, c’est pas grave si on vous retient pas, ça arrivera un jour si vous persistez 😉 L’important c’est de se dépasser et en soit je pense qu’on a tous appris en faisant parti de strobi de par le fait de devoir se sortir les doigts du BIP tous les mois pour faire une image sur un thème et une technique imposé !

Votre meilleur souvenir d’une séance Strobist?

Frédéric: Shooter sur une journée complète entouré d’une équipe de haut vol, MUA et Coiffeurs sans oublier la présence d’amis très chers en lieu et place de modèles, assistant, backstage shooter et de remporter le premier prix du concours qui concentrait toutes nos énergies !

Sophie: Je repense tout de suite à mes toutes premières séances dans ma cave; Ces premières séances où tu appliques ce que tu as appris, que tu expérimentes et commences vraiment à te faire plaisir.

Niko: Bon ça fait un peu démago mais franchement ça se passe toujours bien, même quand ça va pas on rigole. Là comme ça, y en a deux qui me viennent en tête car ils sont récents et m’ont permis de bosser avec des membres du collectif ou d’autre collectif !

Il y a d’abord le shoot avec le light club et Régis Matthey, où on s’est vraiment bien marré, bien galéré techniquement aussi et qui créativement nous a, je crois, tous comblés par rapport à nos envies initiales et contraintes logistiques.

Marc1-Niko Vallet

https://www.youtube.com/watch?v=TK4yA4jJ2C4

En termes de collaboration il y a eu aussi le shoot de Sébastien Roignant ou on a collaboré avec BenJT pour faire les schémas d’éclairages de Seb :

C’était très cool et intéressant. J’espère à terme pouvoir faire au moins un projet avec chaque membre du collectif.

Et puis il y a mon dernier shoot où j’étais invité par le collectif 12 photographes s’inspirent sur un thème qui me parlait vraiment et surtout ça m’a permis d’avoir Sophie palmier de strobi en modèle, William le beau gosse et Cathy qui étaient stagiaire sur une de mes formations et ma maman qui était assistante sur son premier shoot.

Marc4-Niko Vallet

Donc pas mal de gens que j’apprécie et au-delà de une image dont je suis assez content qui est exclusivement faite avec des flashs (à part la light naturelle dans le fond) et qui à mes yeux à un rendu « naturel » ce qui était pas évident. Bon après j’aurai aimé plus de poussières et de projections, qu’on a eu sur d’autre photo mais je m’étais interdit de retoucher (à part la colorimétrie) cette image pour garder le côté « image issue d’un film ».

Et le pire?

Frédéric: La chute du trépied et le sabot du récepteur radio HS !

Sophie: J’ai pas de souvenir de shooting strobist qui se passent mal, plutôt quelques rares déconvenues après la séance.

Niko: Franchement en strobisme y en a pas, y en a eu des difficiles (je parle d’un dans l’interview citée au-dessus chez régis) mais vraiment pas de mauvais.

Bon ensuite il y en a où on a des regrets, comme de ne pas avoir pensé à protéger son matos et ses modeleurs de la farine lors du shoot « en apesanteur »…

Ou d’avoir était confronté à une limite du au flashs cobras lors du shooting de scène hollywoodienne, pour une photo qui n’a pas été diffusée un comédien a fait une série de saut avec des flingues dans les mains et un autre mec qui le braquait (un peu à la max Payne).

Marc2-Niko Vallet

Les deux étaient parfaits, la compo me plaisait, l’ambiance lumineuse aussi mais l’éclair des flashs étaient vraiment trop long pour figer le saut sans ghosting. J’ai eu beau changer des trucs, et me reposer des questions mais l’inertie du saut était vraiment trop importante pour le figer avec les flashs cobras, il m’en aurait fallu de très puissants avec des éclairs courts… Je la garde dans un coin, pour le moment j’arrive pas à la sortir à cause de ça même si plusieurs personnes me disent que ça ajoute du dynamisme.

Parmi toutes vos réalisations, présentez-nous votre photo préférée? Pourquoi ce choix?

Frédéric: Faite en fin d’après midi avec le soleil rasant au milieu d’un champs, un flash en Dodecagone, Lucie et Juliette en assistantes de choc et Alexandre comme modèle avec le haut de forme et mes lunettes

ALEX-Frédéric Chelmas

Pourquoi ce choix ? Une modèle qui annule un shoot et mes enfants qui prennent la relève au pied levé avec un projet qui n’attendait que ça ! Donc si le shoot modèle avait été maintenu je n’aurais pas fais cette photo et cela aurait finalement été dommage, non ?

Sophie: La photo que j’ai appelé « Vie de chien », reste la photo dont je suis le plus fière jusqu’à présent. Je crois que c’est une des photos les plus intimes que j’ai faite.

viedechien-sophiepalmier
Elle correspond à un moment particulier de mon parcours, un moment où je me suis dit que j’avais vraiment besoin de continuer et d’essayer de créer et de partager ma réalité.

Niko: Alors ce n’est pas ma photo préférée, d’ailleurs je crois que j’aurai du mal à en choisir une seule, mais c’est une de celle qui a le plus marché en termes de diffusion.

Marc3-Niko Vallet

Je l’ai choisi juste pour illuster le fait qu’on a pas besoin de grand-chose pour sortir de bonnes images (enfin j’espère que vous la trouvez bonne…), ici il y a juste un Yongnuo 560 derrière un parapluie blanc. C’est tout, la retouche est minime, balance des blancs un peu réchaufée, contrastes etc. D’ailleurs, petite anecdote, c’est une photo qui a bien marché sur 500px, le jour où je l’ai publiée je me suis absenté quelques heures en revenant, des mails de tout les cotés, un editor’s choice, un best of dans les photos « art performance » 2012 etc… Cool ! Sauf que la photo que j’ai envoyée c’était un essai avec un vignettage tout pourri, voici pour vous la photo que j’aurai du diffuser si je m’étais pas trompé dans les miniatures… Comme quoi hein 😉

A bientôt pour une nouvelle interview sur Explorations Photographiques!

4 commentaires sur “[La grande interview] 3 photographes Strobist”

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