La Boite à Photos est de retour ! Pour cette édition mes camarades et moi-même avons choisi le thème suivant : « Détail ». Nous sommes 7 de ce groupe à vous proposer des articles sur le sujet pour cette dixième édition.
Pour ma part, j’ai eu envie de vous parler du « détail » en post-production. La différence entre une photo « molle » et « nette » c’est la quantité de détails visibles.
Prenons une feuille d’arbre : une photo pas suffisamment nette nous donnerait à voir sa forme, sa couleur et vaguement quelques détails. Une photo bien nette de cette feuille montre ses nervures, sa texture ou encore sa transparence, bref, de multiples détails qui rendent la photo intéressante.
Evidemment, on peut chercher le flou ou la douceur exprès ! Mais pour la plupart des photos, on cherchera une image la plus nette possible… et ce d’autant plus que nos yeux sont habitué à des images à forte résolution (nombre élevé de points par unité de mesure) avec nos téléphones HD, téléviseurs 4K. C’est également le cas avec l’amélioration phénoménale de capteurs d’appareil photo, capable de restituer avec précision de plus en plus de détails d’une scène photographiée.
Pour obtenir une image nette, il faut bien sûr soigner la prise de vue. Je vous renvoie à la lecture de l’article de Julien Bonjour qui traite justement de cette question.
De mon coté, je vous propose un petit tuto sur la gestion de l’accentuation avec le logiciel Adobe Lightroom qui est certainement l’un de logiciel de développement les plus performant dans ce domaine.
En préambule, je vous invite à régler le format d’enregistrement des images en RAW sur votre appareil (voir cet article pour comprendre pourquoi). Ce format vous permettra de tirer la quintessence de vos images avec Lightroom, en particulier pour la gestion de l’accentuation.
L’accentuation avec Lightroom.
La gestion de l’accentuation sur Lightroom est accessible dans l’onglet développement et se décompose en 4 curseurs :
Gain: Règle la définition des contours. Augmentez la valeur Gain pour augmenter la netteté. Une valeur égale à zéro (0) désactive le renforcement. En général, il est préférable de définir la valeur Gain sur une valeur assez faible pour obtenir des images propres. Le réglage localise les pixels différant des pixels environnants en fonction du seuil que vous avez spécifié et augmente le contraste de ces pixels de la valeur que vous avez définie.
Rayon: Règle l’étendue des détails auxquels la netteté est appliquée. Les photos présentant des détails très précis peuvent nécessiter un paramètre de rayon inférieur. Pour des photos comportant des détails plus grossiers, vous pouvez utiliser un rayon supérieur. En général, le recours à un rayon trop élevé produit des résultats peu naturels.
Détail:Définit la quantité d’informations haute fréquence accentuées dans l’image et l’intensité du processus d’accentuation des contours. Des valeurs faibles permettent surtout d’accentuer les contours afin d’éliminer le flou. Des valeurs élevées permettent de rendre les textures de l’image plus prononcées.
Masquage: Commande un masque de contour. Lorsque la valeur de masquage est définie sur zéro (0), toutes les zones de l’image sont accentuées uniformément. Lorsque la valeur de masquage est définie sur 100, la netteté se limite pratiquement aux zones situées près des contours les plus marqués.
Source : adobe.com
Les termes employés peuvent faire peur au profane mais pour simplifier :
- Gain = intensité de l’accentuation
- Rayon= étendue de la zone accentuée autour des contours
- Détail= part des étendues accentuées par rapport au contour
- Masquage : zone préservée de l’accentuation
Quels réglages de netteté choisir ?
Une règle de base : il n’y a pas de réglage type.
Voici les différents paramètres à prendre en compte :
- l’appareil photo : certains appareils fournissent des photos déjà accentuée (surtout en JPG) alors que d’autres (comme mon 6D) sortent de images plutôt molles qui supportent une forte accentuation
sensibilité : à 100iso, une accentuation forte sera réalisable. A haut iso, l’accentuation… accentuera aussi le bruit numérique. Le rendu peut être désastreux - la taille de l’image finale. Sur un tirage en 10×15 on peut pousser assez loin les curseurs… pour du 70×50, il vaut mieux y aller mollo.
- le sujet : accentuer un portrait peut être peu flatteur pour le modèle : boutons et autres imperfections seront très visibles (sauf retouche très sélective). Pour un paysage, de l’architecture, c’est souvent utile de récupérer le maximum de détails.
- la volonté du photographe : tous les goûts dans la nature. Les amateurs d’hyper-réalisme accentueront beaucoup, ceux qui préfèrent des ambiances poétiques chercheront des images plus douces.
Vous êtes donc le seul à pouvoir déterminer avec précision les réglages à adopter.
Comme point de départ ou comme exemple, je vous propose ma démarche avec cette photo :
Pour cette image je veux ma main et le flashmètre bien nets avec beaucoup de détails mais pas forcément le tee-shirt, et encore moins l’arrière plan.
- je commence par régler le gain : à 100 iso, je sais que je peux monter en général à 70, ici à 77.
- J’ajuste ensuite éventuellement le rayon : je trouve qu’entre 0.5 et 0.8 c’est parfait.
- je ne touche presque jamais le curseur détail. Le réglage par défaut me convient bien dans 90% des cas.Ici j’ai tout de même poussé à 41
- Pour finir, je règle le masquage, qui est pour moi le plus important après le gain. Contrairement à ce qu’on peut souvent lire à propos de ce réglages, il n’y a pas de valeur idéale : une image= un réglage. Prenons un portrait : je choisis une valeur élevé pour que le fond ne soit pas affecté par l’accentuation (ici: 35). Mais avec un sujet au grand-angle, de type reportage, je masque très peu pour garder des détails dans toute l’image.
Il existe une touche « secrête » : Alt (sur Windows et sur OsX). En la maintenant enfoncée pendant le déplacement des curseurs, l’image perd ses couleurs et permet de voir en temps réel les changements. Si on peut s’en passer pour le gain et le rayon, dont les variations se voient assez bien sur l’image « originale », il est utile pour le curseur détail… et carrément indispensable pour le curseur masquage.
Sur cette image, seules les parties blanches seront accentuées!
Conclusion :
Par manque de formation, la netteté est souvent un réglage mal maitrisé ou bâclé au moment de la retouche. C’est pourtant une étape essentielle pour garder un maximum de détails dans l’image. Prendre un peu de temps pour comprendre l’influence des 4 curseurs de réglages est un bon investissement et la qualité des images que vous obtiendrez sera optimale.
Et vous, chers visiteurs, utilisateurs de Lightroom, avez-vous de conseils, remarques, expériences à partager sur le sujet ?
Pour cette édition de la Boîte à photos, c’est Laurent de Apprendre la photo qui joue le rôle de site hôte. Vous pourrez retrouver sur son blog, une synthèse de cette édition et un lien vers les articles de mes camarades.
A noter aussi que depuis quelques semaines, une application « La boite à photos » pour iOS et Androïd est disponible ici. Un grand merci à Goodbarber pour avoir eu la gentillesse de créer une application pour nous.
Note:Le logo de la Boite à photos a été réalisé par Laurent Vaissade
Merci pour cet article sur ces 4 curseurs de LR qui méritent effectivement qu’on s’y attarde, et puisque tu poses la question, je me permets de faire un petit retour sur expérience (2 ans d’utilisation de LR, je précise, je débute dans l’métier).
C’est un outil qui m’a toujours torturé parce que je le trouve à la fois indispensable et optionnel.
Indispensable car les réglages de base ne suffisent pas, il faut obligatoirement y passer pour améliorer ce que propose LR par défaut. A l’import, j’ai mis un réglage spécifique « qui me plait bien » que je ne citerai pas ici tellement il est bien (…enfin surtout parce que chacun doit trouver le sien en fonction de son matériel, voire de ses goûts je pense), et j’en rajoute une couche au développement, au feeling, pour peaufiner.
Optionnel parce que je trouve que si on n’y touche pas, la photo ne sera pas meilleure dans son ensemble. Seul l’oeil averti de son créateur ou d’un collègue « critique » y trouvera à redire. C’est peut-être pour cela que les curseurs sont dans le bloc « détail ».
Quoi qu’il en soit, la touche ALT que tu cites est un outil fantastique.
Merci pour ton commentaire!
J’aime beaucoup la copie d’écran 😉
Et merci pour ces conseils!!
Oui, désolé pour la copie à l’iPhone! Mais comme il faut en même temps faire alt/clic souris et Maj/Ctrl4 pour faire une copie d’écran…. le Mac n’a pas voulu!
Merci pour ces conseils…y’ a plus qu’a essayer 🙂
Merci pour cet article, très clair et instructif.
De rien 😉
70 en netteté avec le 6d !
T’y vas fort quand même. Moi qui croyait qu’avec mes 50 je faisais le bourrin …
Salut Marc ! Je connaissais déjà tout, mais c’est très bien expliqué 😉 Sauf que perso, la touche Alt je m’en sert pour tous les curseurs ^^
merci pour ton témoignage! Tu trouves vraiment utile pour le gain? Pour ma part, je trouve que ça n’indique en rien quelle sera la qualité du rendu sur la photo.
Jusque là j’utilisais Photoshop pour améliorer la netteté mais avec cet article je compte bien m’attarder plus longtemps sur lightroom maintenant 🙂 Merci de l’article ! Gauthier
Salut Marc, si j’avais eu un article aussi bien ficelé à mes débuts avec lightroom, cela m’aurait vraiment facilite la tâche. J’ai eu tendance à exagérer avec la clarté et mes photos piquaient méchamment les yeux. Avec la pratique,j’ai pris à me modérer. Et effectivement la touche ait avec les masquage, c’est top. Bon dimanche.
Retour de ping : Le détail : synthèse de la 10ème Boîte à Photos
Bonjour ! 🙂
Cet article est vraiment intéressant, ces quatre curseurs étant assez subtiles à maitriser (en tout cas pour ma part, en tant que débutant).
Cependant, une question subsiste : lorsque vous réglez ces paramètres, travaillez-vous à taille « normale » ou avec un grossissement ?
superbe article ,très explicite ,merci bcp
Bonjour !
Je suis votre blog avec beaucoup d’intérêt. Cet article m’a été d’une grande aide. Je travaille sur la retouche de scan photo et ça m’a permis de rattraper au mieux les erreurs de mise au point.
J’ai hâte que vous publiez d’autre article sur ce thème. Il y a beaucoup de chose a maitriser sur ce logiciel.
Depuis plusieurs années j’utilise sur Mac le logiciel GraphicConverter.
Concernant la netteté, j’ai du mal à manipuler avec succès les différentes possibilités proposées.
Auriez-vous quelques conseils à ce sujet ?
Cordialement,
Pascal
Le menu « Effets », propose les options suivantes (et leur paramètres) parmi d’autres:
– Adoucir le masque
+ Rayon: 0.1 à 100 pixels
+ Quantité: 1 à 500 %
+ Seuil: 0 à 255 niveaux
– Améliorer le contraste local
+ Rayon: 0,1 à 200 pixels
+ Quantité: 1 à 500 %
– Accentuer les contours
+ Méthode: Normale ou Diagonale
+ Netteté: 0 à 1000 % (Normale), 0 à 50 % (Diagonale)
Excellent article mais une phrase a appelé mon attention:
La taille de l’image finale. Sur un tirage en 10×15 on peut pousser assez loin les curseurs… pour du 70×50, il vaut mieux y aller molli.
Au-delà de quoi il ne faudrait pas aller pour un paysage? Quels sont les conséquences?
Merci!
Merci Marc pour ces précisions que j’attendais depuis longtemps. Jusqu’à maintenant j’ai toujours fait l’impasse sur les curseurs rayon et détail, me doutant bien que s’ils existaient ils devaient bien servir à quelque chose 🙂