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[La grande interview] 4 photographes animaliers – 2ème partie

Il y a une semaine, je vous présentais 4 photographes animaliers de talent: Franky Giannilivigni, Brice Petit, Cédric Girard et Régis Moscardini. Vous avez été nombreux à apprécier leur travail ainsi que leur conception de la nature et de la photographie.

Sans plus attendre, je vous propose aujourd’hui la deuxième partie de cette grand interview!

C’est mieux de ramener une photo de lion prise dans la savane africaine ou celle d’un martin-pêcheur prise dans le marais d’à côté? 😉

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C’est marrant comme exemple, je me retrouve justement à aimer ces deux sujets. Pour moi il n’y en a pas un mieux que l’autre. Le mieux c’est de pourvoir photographier la nature sauvage tant qu’elle l’est encore. Observer des espèces dans leur milieu naturel est un vrai privilège aujourd’hui, de plus en plus rare malheureusement. Mais je pense que peu importe l’espèce. Chaque photographe animalier a un peu son « Saint Graal ». Certains préféreront les oiseaux, d’autres les mammifères et certains les batraciens ou les reptiles. Peu importe… c’est l’instant vécu qui compte ! Moi je rêve de photographier bon nombre d’espèces que l’on ne trouve pas dans nos régions, mais quand je vais photographier le Martin Pêcheur et que j’ai la chance de revenir avec quelques belles images je suis le plus heureux !

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Le mieux c’est de ramener la photo d’un animal qu’on affectionne, que l’on apprécie et pas forcément pour sa renommée ! J’adore prendre des moineaux en photo. Alors, on pourra dire que c’est « trop simple », trop « commun », mais je les aime bien, donc, j’ai tout autant de plaisir à prendre une buse variable qu’un petit moineau ou qu’un lion.

Après, je ne suis pas hypocrite, il est clair que la faune africaine à quelque chose de magique, donc, ça fait un peu rêver !

Pour le reste, j’ai pris des photos d’oiseaux sur quatre continents, et j’ai toujours le même plaisir à faire ce genre d’image, ici, ou très loin de chez moi !

FG -heron-vs-vaneau

Franky Giannilivigni – Héron cendré vs Vanneau huppé

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Sans aucune hésitation, je vote pour le martin-pêcheur ! Nous avons très largement assez autour de nous à découvrir, avant d’aller à l’autre bout du monde…

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Hummm, les deux ! J’aimerais bien ramener une photo de lion prise dans la savane, rien que pour le dépaysement ! Plus sérieusement, je pense, contrairement à ce que s’imagine la plupart des gens, qu’il est plus difficile de ramener une belle photo de martin-pêcheur de notre campagne française que celle d’un lion. Je n’ai jamais pratiqué le safari photo mais il me semble que les lions sont assez facilement approchables en voiture et que muni d’un gros télé, il n’y a rien d’extraordinaire à en photographier. Pour le martin-pêcheur, il faut repérer une zone potentielle, ensuite un individu, ensuite placer un affût, ensuite être présent au bon moment et prier pour que l’oiseau se place à l’endroit espéré ! C’est beaucoup plus aléatoire !

Cela fait plusieurs années que vous pratiquez cette discipline… Avez-vous perçu des changements du milieu naturel dans lequel évoluent vos espèces préférées ?

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Oui et non… pour observer un changement du milieu naturel, suite à l’évolution d’un changement climatique je pense que le recul est encore un peu court par rapport à quand j’ai commencé la photo. Ce que j’ai observé de plus flagrant ce sont des phénomènes météo plus marqués, comme une sécheresse particulièrement longue au Kenya en 2008. Et en 2012, toujours au Kenya, les pluies les plus abondantes, que le pays n’avait pas vu depuis plus de 50 ans. Au point ou même la saison sèche entre 2011 et 2012 s’est transformée en saison quasi-humide. Il n’y a pas vraiment eu d’interruption des précipitations, les lacs ont atteint des niveaux jamais vu. Le lac Baringo par exemple s’étendait dans certaines zones sur plus de 300 mètres au-delà de ses rives habituelles.
Les changements les plus marquants sont les nombre d’individus par espèces qui diminuent. Et ça on l’observe très facilement. Le braconnage, la pression croissante des populations humaines aux abords des parcs nationaux et réserves, de leurs troupeaux, le manque de respect des touristes, tout cela a un impact directe sur le milieu naturel de ces espèces, et il est tout à fait mesurable.

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Rien de dramatique, mais quelques changements de comportement, du nombre d’individus d’une population, qui parfois évolue dans le bon sens, dans ma région par exemple, je croise bien plus de buses variables qu’il y a une dizaine d’années, ou au contraire, certaines espèces de passereaux sont moins nombreuses. Mais ce n’est qu’une « impression », je ne fais pas un « décompte » et c’est une observation unique qui n’a pas beaucoup de valeur.

Il faudrait que je confronte mes conclusions avec des ornithologues confirmés qui font eux de vraies statistiques.

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Oui. Même si à mon échelle ils sont subtils et certainement peu remarqués du grand public… Paradoxalement, les milieux ont évolué dans les deux sens : certaines zones ont souffert par la main de l’homme (les forêts avoisinantes notamment, un peu trop exploitées à mon goût), d’autres ont fait l’objet de réhabilitation après avoir été des années appauvries. Je pense notamment aux replantations de haies, de plus en plus courantes autour des pâtures et des cultures, et qui favorisent le retour de certaines espèces du bocage, comme la pie grièche.

Mais globalement, cela reste à peu près stable même si la pression cynégétique est toujours très (trop) forte ici dans l’Aube.

01.18

Cédric Girard

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Je pratique quasi exclusivement la photo animalière dans l’environnement proche de mon domicile : pas de voiture, juste le matos sur le dos et c’est parti. je suis particulièrement une garenne depuis 3 ans. Les lapins y sont toujours aussi nombreux, tant mieux. par contre, j’ai remarqué que les blaireaux que j’avais rencontrés à plusieurs reprises étaient manquants au dernier automne. Sinon, j’ai la chance de vivre dans le parc naturel régional du Morvan, donc les pressions humaines sont atténuées par la protection qu’offre le parc. Les habitats ne sont pas détruits ou morcelles, la bio-diversité est donc à ce titre assez bien préservée.

La photo d’animaux dans un zoo, c’est de la photographie animalière?

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Question épineuse… Pour moi, il est important de distinguer la photo animalière à l’état sauvage et en captivité, même si à mon sens cela enlève presque toute la valeur à la photo. La photo animalière c’est un défi, c’est la chance aussi que la nature vous accorde un rendez-vous privilégié.

Dans un zoo c’est un peu forcer les choses dans des conditions très artificielles qui vont créer une certaine facilité. Non pour moi dans un zoo on ne fait pas de photo animalière. Ma vision est peut-être faussée mais j’ai vraiment un problème avec les zoos et autres cirques ou parcs d’attraction animaliers.

De plus je pense que la photo animalière implique des qualités que la photo en zoo ne nécessite en aucun comme la connaissance de l’espère photographiée par exemple. Je ne dis pas que certaines photos en zoo n’ont pas une belle qualité technique (voir la photo du tigre qui a gagné le concours National Geographic 2012). Mais au-delà du résultat visuel flatteur, il ne reste pas grand-chose.

BP -MaasaiMara_Elephants

Brice Petit – Eléphants

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Oui, et je pense que très souvent c’est un bon début pour donner « l’envie ».
Je connais quelques photographes qui se sont mis à la photo animalière en milieux naturels en commençant par des zoos.

Ensuite, certains zoos font un travail exceptionnel pour la préservation des animaux, ils font en sorte que les bêtes soit dans les meilleures conditions, il ne faut donc pas avoir de remord en se disant : ils seraient mieux en liberté ! Car si c’est certainement vrai pour certains, pour d’autres ce n’est pas forcément juste.

Il est clair que je préfère les voir en plein nature, mais je n’éprouve pas de « remord » à emmener ma petite puce découvrir les animaux du zoo, et j’en profite toujours pour prendre quelque image.

Contrairement à certains photographes animaliers « hyper-puristes » je ne fais pas de drame sur la photo d’animaux dans les zoos.

Pour moi, seule la franchise compte, je deviens plus difficile quand on essaye de faire croire qu’une photo en zoo a été prise en pleine nature. Dans ce cas, le problème n’est pas que la photo a été faite dans un parc animalier, mais bien que le personne n’est pas très « franche ».

Pour le reste, il y a de superbes zoos que je ne peux que conseiller de visiter en profitant pour essayer de faire quelques jolies photos !

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Étymologiquement, oui 😉

Plus sérieusement, je n’apprécie pas les zoos. Je ne parle pas de la photographie en zoo, mais de ce que sont les zoos. Autant certains parcs de vision respectent beaucoup les animaux (je pense aux parcs de vision du Parc National du Bayerischer Wald en Allemagne), autant les zoos où les animaux évoluent dans des cages ou des enclos ridicules ne m’intéressent pas le moins du monde, voire me chagrinent.

Pour revenir à l’acte photographie en tant que tel, la principale difficulté en parc de type zoo, est de réussir à produire des images où justement, on ne voit pas que l’on est dans un zoo… Et c’est là un véritable challenge, ne serait-ce que pour l’état sanitaire des animaux d’une part, et leur comportement d’autre part, souvent faussé et donc décelable sur les clichés.

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Non je ne pense pas. Disons que dans l’esprit des gens, et aussi des photographes, la photo animalière correspond à la prise de vue d’animaux sauvages. Partant de ce constat, la photographie en zoo n’est pas de la photo animalière. Mais cela ne signifie pas qu’il est interdit d’en faire ! La photo d’animaux captifs peut -être un bon sujet de reportage sur les conditions de vie des animaux de zoo par exemple. Tester un nouvel objectif ou un nouveau reflex peut aussi constituer raison de se rendre dans un zoo. Il faudrait en fait distinguer deux types de photo animalière :

– la photographie d’animaux en captivité

– la photographie d’animaux sauvages

combat héron cendré régis moscardini

Régis Moscardini – Combat de hérons cendrés

Quels conseils donneriez-vous à un photographe qui veut se lancer dans la photo animalière?

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Qu’il ferait bien de prendre son mal en patience et qu’il ne perde jamais de vue que s’il fait de la photo animalière c’est avant tout pour essayer de partager ces moments et de mettre en avant ce que la nature peut offrir, et pas ce qu’on vient lui prendre. Donc de ne jamais oublier de respecter les milieux dans lesquels il se trouve.
De faire quelques économies aussi parce que l’animalier n’est pas le sujet photographique le moins onéreux, on s’en rend bien compte avec le temps.

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Je lui conseillerais de ne pas essayer d’aller trop vite. Je lui dirais de commencer par étape, au-delà des préjugés de certains.

Par exemple, pour les oiseaux (mais ça fonctionne pour tout type d’animaux), commencer par les plus communs, comme les moineaux, puis évoluer vers les oiseaux à la mangeoire et ainsi acquérir de la pratique et de l’expérience pour chercher des espèces plus difficiles.

Il faut aussi toujours se documenter, plus on sait de choses sur l’espèce que l’on cherche à photographier, plus il sera simple de le faire.

Il ne faut pas non plus hésiter à faire du repérage, trouver l’endroit, observé sans même essayer de faire de photo.

Il faut aussi prendre conseil auprès de ceux qui ont l’habitude, si possible, essayer de faire des sorties avec des photographes plus expérimentés qui seront toujours ravis de transmettre leurs bons conseils… Du moins, en règle générale !

Faire de la photo animalière au petit bonheur la chance, ça ne marche « presque » jamais, ou alors suite à un gros coup de chance !

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D’acheter mon livre bien sûr 😉 – je plaisante.

Non, le principal conseil serait de ne pas brûler les étapes ! Contrairement à beaucoup de jeunes photographes, j’ai commencé à la manière des « anciens », par photographier les passereaux dans mon jardin. Beaucoup de jeunes photographes aujourd’hui se lancent directement sur les grands cervidés, le martin pêcheur, le cincle plongeur… Alors qu’il y a tant de petites et magnifiques espèces à photographier avant d’aller chercher la difficulté sur des espèces un peu plus emblématiques ! Les effets de mode et l’essor des réseaux sociaux édictent un peu trop aujourd’hui les « standards » de la photographie animalière, et je trouve cela un peu dommage.

Comme je le disais au début, l’une des principales qualités du photographe animalier est son humilité. Elle s’applique à la nature, mais aussi à soi-même ! Tout débutant ne doit pas chercher à brûler les étapes. Les premières étapes consistent notamment à l’apprentissage de la technique photographique d’une part (je connais encore beaucoup de photographes qui se sont inscrits professionnellement et… qui ne savent pas manipuler leur matériel !!! C’est un comble, mais c’est beaucoup plus courant que ce que l’on pourrait croire !), et l’apprentissage de la nature d’autre part. Ce second point est primordial ! Il ne s’agit pas de savoir reconnaître les ± 420 espèces d’oiseaux présentes en Europe occidentale et de pouvoir citer leur nom en latin et en anglais, mais de connaître le comportement des animaux que l’on photographie, afin de maximiser ses chances de réussite, et surtout de préserver au maximum leur quiétude.

Il ne faut pas aussi se morfondre sur le matériel. Il est parfaitement possible de réaliser de magnifiques clichés avec un matériel modeste ! Même si effectivement, il faut reconnaître qu’un boîtier dernier cri avec un gros téléobjectif stabilisé aide passablement à la réussite… Mais avant de savoir manipuler un tel matériel, le mieux est de faire ses armes et surtout de réaliser des clichés avec du matériel un peu plus abordable : cela forge l’œil et habitue le photographe à ne pas s’appuyer « que » sur son matériel 😉

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Connaitre son sujet pour ne pas faire de bêtises, d’erreurs irrattrapables. Le simple fait de se promener dans la nature à travers champs, hors des sentiers battus, est une source de désagrément pour les bêtes : odeurs, bruits, présence humaine. Alors forcer les choses en voulant ramener une photo à tout prix, quitte à poursuivre l’animal, n’est pas souhaitable. La photo animalière c’est d’abord le respect de l’animal : le connaitre est la première étape, ensuite vient la prise de vue. Je ne sais plus qui a dit : « la meilleure photo est celle que l’on n’a pas prise. » C’est très vrai !

Et pour terminer, pouvez-vous nous présenter votre photo animalière préférée et nous raconter son histoire?

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Faire un choix objectif me semble impossible… chaque rencontre avec un sujet recherché, attendu, espéré… offre à chaque fois son lot d’émotion.

BP MaasaiMara_Guepard

Brice Petit – Guépards

Je pense que cette photo des deux bébés guépards reste néanmoins dans mon top 5. Elle a une valeur particulière pour moi parce que le Kenya est vraiment un pays dont je suis tombé amoureux depuis des années. Elle me tient encore plus à cœur parce que le guépard est probablement le félin d’Afrique qui me fascine le plus. Enfin, sa population particulièrement fragilisée fait que ces jeunes guépards sont un message d’espoir pour l’avenir de cette espèce.

Ce jour-là, notre guide a eu l’instinct particulièrement affûté en nous emmenant dans cette zone rocailleuse dans laquelle il avait repéré cette femelle guépard et ses 4 petits quelques temps auparavant. Et là, un magnifique instant de quelques minutes quand ils sont venus s’allonger à tour de rôle sur ce rocher encore chaud. Et là, le couché de soleil s’est enflammé, légèrement filtré et teinté par des nuages relativement diffus. Il a alors pris pendant 2 minutes une teinte rose explosive que je n’avais jamais vue. Et ces deux petits guépards, en train de contempler ce couché de soleil, perchés sur leur rocher et de se dire peut-être, comme nous, que c’était vraiment une belle fin de journée.

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Ma photo animalière préférée, n’est de loin pas ma plus belle image, mais elle me tient à cœur pour les raisons suivantes.

Bubu (madame buse variable) et moi, on se connait depuis un très long moment. Et Bubu, elle est loin d’être bête!!!

FG - buse-variable-portrait

Franky Giannilivigni – Buse variable

J’en ai photographié des rapaces de toute sorte, mais Bubu, elle, c’est spécial, car elle niche tout à côté de chez moi.

Elle habite un arbre en plein milieu d’un champ totalement dégagé (mis à part la haie de la villa qui longe le champ).…et qui en plus donne sur une petite route de campagne.

Bubu, qui me nargue souvent et depuis très longtemps, ne s’est jamais fait avoir. J’ai même (avec l’autorisation du paysan) posé mon affut au milieu du champ, pour qu’elle s’y habitue…Nada! Bubu me voit arriver (rien pour cacher mon arrivée, même pas un buisson à 1km à la ronde) soit parce qu’elle est en vol et qu’elle a une vue que je lui envie, soit parce qu’elle est dans son arbre ou au repos dans le champ…donc, miss s’enfuit avant que je ne puisse approcher assez!!!

Depuis de nombreux mois je lui cours après (un peu plus d’un an au moment des faits). Puis un jour je la vois dans le champ posé à attendre que le temps passe. Généralement, le fait d’arrêter la voiture la fait fuir (elle n’aime que les voitures qui roulent). Pourtant, je m’arrête et elle ne fuit pas. Très étonné, sans ouvrir la fenêtre, je prends mon appareil photo, qui m’attendait sagement sur le siège arrière, mais avec le 24–70/2,8 montées dessus. En vue de cette rencontre, j’ai décidé de toujours prendre une longue focale avec moi, je fouille doucement dans mon sac et j’essaye de rapidement (sans faire de geste brusque) monter le téléobjectif sur mon boitier.

Je réussis, mais le moment délicat arrive : ouvrir la fenêtre. Je pense très fort ”stp, t’envoles pas tout de suite ” Et ho miracle, elle ne bouge pas. Elle me laisse le temps d’appuyer mon objectif sur le bord de la vitre ouverte et ne bouge toujours pas. Quand je suis prêt à prendre la photo, elle tourne la tête vers moi, comme pour me dire : j’y vais, ne me rate pas.

Elle s’envole, je déclenche et je vois qu’elle me fixe.

Je la regarde se poser dans son arbre à l’abri. Je ne regarde pas tout de suite les photos. Je sais que c’est réussi, je le sais!

Vous allez peut-être trouver ça ridicule, mais j’ai une grosse, grosse émotion qui m’a serré le cœur, elle m’a laissé faire. Après tous ces longs mois, elle s’est juste laissé prendre en photo, elle a accepté, juste un moment très court entre elle et moi

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Si pendant longtemps elle fut une célèbre photo de huppe fasciée (qui fut la couverture de mon livre technique dans sa première édition), je pense que ma préférée aujourd’hui est une image réalisée en Hongrie chez mon ami Bence Maté : un geai des chênes s’ébrouant dans une petite mare forestière, aux prémices d’un orage qui éclata quelques minutes plus tard.

07.43

Cédric Girard – Geai huppé

Si le sujet, quand on connait les conditions de prise de vue, demeure finalement assez banal, c’est son attitude et surtout l’exceptionnelle lumière qui en font une image qui à mes yeux sort de l’ordinaire. La lumière d’orage, la position de l’oiseau, l’instant choisi (je n’ai déclenché qu’une fois !) et surtout la petite astuce pour bénéficier d’un contre-jour « artificiel » en font une image que j’aime par-dessus tout, même si pendant longtemps je me suis posé des questions sur le cadrage… Toute l’astuce réside finalement dans ce contre-jour, généré par un miroir suspendu dans un arbre hors champs (en haut à droite de l’image) que l’on pouvait orienter depuis l’affût grâce à un astucieux système de câbles de freins de vélo ! Cela a permis de souligner les contours du volatile, et de mettre en exergue la constellation de gouttelettes d’eau autour du sujet…

[divider_title title= »Régis »]

Ça n’est certainement pas la photo la plus réussie ni la plus belle de ma photothèque. C’est une image de renard roux photographié dans la garenne que je suis.

renard-roux-au-repos

Régis Moscardini – Renard roux

L’attitude est très banale, la lumière quelconque, bref, cette image ne casse pas trois pattes à un canard. Mais, je l’aime beaucoup, elle a une grosse valeur sentimentale : première vraie bonne photo de renard et surtout un animal que j’ai retrouvé pendant quelques temps dans la même zone. J’ai passé des bons moments à l’observer alors j’ai de bons souvenirs en voyant cette photo.

Un dernier mot?

[divider_title title= »Brice »]

Je crois que j’en ai dit assez là, non ?!?!
Merci pour cette interview, c’est toujours un plaisir pour moi qui aime tant partager cette passion.

[divider_title title= »Franky »]

Faites des photos ! … Et merci pour cette interview très sympathique !

[divider_title title= »Cédric »]

Merci à toutes celles et ceux avec qui je partage ma passion depuis toutes ces années. 2013 est une année charnière dans mon existence, et pourrait être le terme de ma carrière photographique, car la vie est ainsi faite… Mais je ne disparaîtrai pas pour autant du paysage de la photographie de nature : elle reste ancrée en moi à jamais !

[divider_title title= »Régis »]

Et bien je te remercie Marc de m’avoir invité sur ton blog surtout d’avoir mis en avant la photographie animalière !

A bientôt pour une nouvelle interview sur Explorations Photographiques!

10 commentaires sur “[La grande interview] 4 photographes animaliers – 2ème partie”

  1. Il y a une chose de certaine quand on lit cet ITW c’est que Cédric à encore la flamme … même si il fait le choix de rendre les armes il va continuer à nous surprendre …

    J’aime bien l’histoire de « Bubu la buse » de Franky elle est pour moi représentative de la relation qu’un photographe et pas seulement animalier peut établir avec son sujet …
    Ca montre aussi toute la difficulté de faire une photo animalière et apprendra a certains « speedé de la vie » à prendre leur temps pour faire la photo d’un sujet …

  2. Pfiiu, comment que ca fait plaisir de vous lire les gars !?!
    La larme à l’oeil avec vos photos préférées et leur petite histoire respective, vraiment : je rejoins Loïc au-dessus dans son commentaire : on sent le respect et l’amour de vos sujets !

    Bravo, continuez à nous faire rêver !

  3. Super interview, je suis fan ! j’aimerai vraiment faire de la photo animalière quand je serai plus grand… 😉
    Les photos présentées sont magnifiques, j’ai émis un woaw presque a chacune…

    j’aurai une question a poser aux spécialistes : quel objectif conseillerai vous pour débuter, si comme moi on est équipé d’un reflex Canon d’entrée de gamme (600D). Mon 18-135 est vraiment trop limite…

    Merci encore aux quatre photographes, bonne suite a Cédric quoi qu’il se passe cette année, et Merci Marc pour cette interview !

  4. Je suis scotché par le contenu de cette quadruple interview.
    Ce sont des photographes que je suis depuis longtemps et que j’apprécie beaucoup.
    Ils rendent bien compte de toute la difficulté de cette discipline, j’ai pris une sacrée leçon de photo.
    Merci à Marc pour cette interview, merci au interviewés pour toutes ces information et bon courage à Cédric pour la suite.

  5. plusieurs photos ne se sont pas ouvertes, je ne sais pas pourquoi…mais j’ai adoré celle de madame bubu et son histoire…..
    je suis contente de lire des commentaires qui ne se braquent pas sur la technique ( même si on connait son importance ) mais qui reflètent des émotions…
    encore des interviews de cette finesse!!!!!!
    merci beaucoup pour tout ce temps passé pour nous,Marc

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