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[La grande interview] 4 photographes animaliers – 1ère partie

Parmi tous les types de photographies que j’ai pu pratiquer jusqu’à maintenant, la photographie animalière reste l’une de celle qui me fascine le plus. Mes quelques expériences, essentiellement en zoo, ou avec des animaux très communs m’ont toujours procuré un grand plaisir mais aussi une certaine frustration quand je les compare aux photos des spécialistes de la photo animalière.

Parmi ces spécialistes, 4 photographes forcent mon admiration. Ils sont pas forcément connus du grand public, mais ce sont des véritables pros de la photo animalière, chacun à leur façon avec leurs moyens, leur matériel, leurs techniques. Mais un point commun les unit: l’amour de la nature!

Voici ces 4 photographes, que je vous propose de découvrir dans une grande interview en 2 partie. La 1ère partie, publiée aujourd’hui retrace leur parcours et leur rapport à la photo en passant par le matériel. Mercredi prochain, la 2ème partie entrera encore plus dans le vif du sujet avec l’évolution du milieu, la question des zoos et bien d’autres aspects de la photo animalière!

portrait Franky

Franky Giannilivigni – alias Darth

Brice portrait

Brice Petit

Régis-Moscardini

Régis Moscardini

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Cédric Girard

Qui êtes-vous? En dehors des photographes que nous découvrons aujourd’hui 😉

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Je m’appelle Brice Petit, j’ai 33 ans et je suis laborant en biologie à la Faculté de Médecine de Genève (CMU).
Je suis marié depuis 12 ans mais nous n’avons pas encore d’enfant. Ce qui nous permet deux choses en tant que couple. A moi, de profiter tant que je peux de ma passion et à mon épouse, de mettre à l’épreuve sa patience et son sang-froid. La photo c’est un très bon moyen de tester son couple ! 
J’adore aussi voyager tant que je peux et si possible combiner les voyages à la photo, alors là c’est le bonheur ! Et dès que j’en ai la possibilité j’essaie également de faire un peu d’humanitaire, lors de mes voyages au Kenya par exemple en soutenant un orphelinat de Kibera.
Enfin, j’essaie de m’investir dans la défense des espèces en danger. Nous faisons partie d’une génération qui verra probablement s’éteindre quelques espèces parmi les plus emblématiques que la terre porte aujourd’hui. Et ça, il y a encore quelques années je ne l’aurais jamais cru! Il y a quelques fondations qui font un travail remarquable qui vaut la peine d’être soutenu activement. Pour n’en nommer que trois, Sea Sheperd qui lutte pour la défense des baleines, la David Scheldrick Wildlife Trust pour la sauvegarde des éléphants d’Afrique et la Born Free Foundation qui lutte pour préserver la vie sauvage à l’état sauvage ! Ce sont trois causes au travers desquels je me retrouve et qui me tiennent vraiment à cœur.

BP- Finlande_Ourd Brun
Brice Petit – Finlande – Ours brun

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Je suis un homme, je ne suis pas un numéro… heu…
Plus sérieusement, je m’appelle Franky, j’ai la trentaine, je ne suis (malheureusement pour les autres) jamais sérieux, procrastinateur professionnel, amoureux de la photo et testeur de matériel compulsif …

[divider_title title= »Cédric »]

Né en 1974, je m’appelle Cédric Girard, je suis analyste programmeur de profession, auteur photographe professionnel depuis 2005, et j’ai également été gérant d’une agence web durant plusieurs années. Je suis séparé, et père d’un jeune adolescent de 12 ans qui vit avec moi. Originaire de Bourgogne (plus précisément de Côte d’Or), je vis actuellement dans l’Aube, dans ma région d’adoption. J’ai la chance d’habiter au cœur du Parc Naturel Régional de la Forêt d’Orient, non loin de Montier-en-Der où se déroule le célèbre festival, même si je travaille à Troyes la journée.

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Bonjour Marc et bonjour à tes lecteurs, merci de m’accueillir chez toi !

Alors je suis professeur des écoles dans le Morvan, avec une classe rurale à 4 niveaux, qui ressemble bien à celle du film Etre et Avoir deux jours par semaine. Les deux autres jours, je suis coordonateur de ZEP rurale, c’est à dire que j’organise tous les projets pédagogiques de plusieurs écoles. Bref, la semaine je ne m’ennuie pas !

Pouvez-vous nous raconter comment vous avez commencé la photo et comment est-ce devenu une passion?

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Je pense que j’ai commencé la photo le jour où j’ai ouvert mon premier magazine animalier « Vie Sauvage », une collection Larousse qui n’existe malheureusement plus aujourd’hui. Je devais avoir à peine 8 ans que mon rêve était de partir à la rencontre de ces espèces et de faire les mêmes photos que celles qui illustraient ce magnifique magazine.

C’est devenu une passion vers l’âge de 20 ans. Jusque-là j’aimais bien la photo mais je ne m’étais jamais vraiment posé de questions sur ce qui pouvait faire une bonne image. Et puis j’ai reçu un Canon Eos 5 (argentique). Je pense que ça a été un peu le déclic… ça faisait déjà un sacré changement par rapport au Canon T70 de mon père !

Et puis le numérique est arrivé, il faut dire que pour apprendre c’était quand même l’outil idéal. En 2006, je suis partis pour la première fois faire de la photo au Kenya et là c’était réglé, le rêve de gosse était devenu réalité !

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Ça risque d’être long… mais bon … Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé les images. Pourtant, le virus de la photo m’est tombé dessus qu’à 12ans. Avant je prenais l’appareil de mes parents de temps à autre (une sorte de compacts Minolta) et je faisais deux ou trois clichés sans réfléchir.

Puis pour mon anniversaire, un ami de la famille, m’a offert son vieux Pentax. Un appareil complètement manuel. L’envie de comprendre comment faire une « bonne » photo avec m’a entrainé dans la spirale de ma passion.

J’ai acheté des livres, je me suis inscrit à des cours pour développer le N&B…etc

Mais l’outil qui m’a fait le plus progresser fut un bloc note et un crayon. Noter, et encore noter ce que je faisais, numérotant chaque prise de vue avec une petite description (il n’y avait pas encore les exif! ) J’en voulais toujours plus, tant et si bien que mon argent de poche y passait en totalité, juste pour l’achat des pellicules, car le développement je le faisais à mon fameux « cours » de photo (donné par l’école, merci l’état de Genève) ou toute la chimie, et autres besoin étaient gratuit.

Puis un jour le drame, on me vole mon sac photo. La misère pour moi, la tristesse surtout. Mon compagnon de vieille date. Je n’avais que deux objectifs (un 50/1,8 et un zoom 35-70), mais je les adorais.

Ma famille voyant ma tristesse m’achète un Nikon F50. Quelle horreur, j’ai détesté cet appareil. Pas qu’il soit mauvais en soit, mais je ne me retrouvais pas dans ce morceau de plastique. J’avais envie et besoin de quelque chose de mieux. J’ai économisé centime par centime pour essayer de m’en offrir un mieux. J’ai gardé le zoom d’origine (un 35-80/4-5,6)

Un ami de mes parents (fan de photo) me donne alors son vieux Canon AE-1 avec un 50/1,4 en attendant que j’aie assez d’argent pour m’offrir mieux. Un appareil qui m’a séduit au même titre que mon vieux Pentax. J’ai retrouvé le sourire et sans dépenser d’argent. Entre-deux, je me suis un peu lassé de ne faire que de la photo en N&B, j’ai donc chercher ou développer mes photos couleurs de façon plus pointue que le labo du supermarché du coin. J’ai découvert les labos pro….et leur prix astronomique ! Heureusement, on pouvait parler au tireur et la qualité était toujours là. C’était cher, mais on savait pourquoi !

Pour finir, les sous sont rentrés, je me suis offert le Nikon F70. Enfin, je me sentais bien avec un appareil AF, belle bête…Pourtant, l’ergonomie Nikon ne me plaisait pas, je ne me sentais pas 100% à l’aise avec cette appareil dont la conception n’allait pas avec ma façon de penser. Il ne me faudra pas longtemps pour mieux gagner ma vie, très vite du Nikon F70 je passe à l’EOS 3 Adieu Nikon… Le changement est salvateur pour moi, l’ergonomie de Canon correspond parfaitement avec ma façon de faire, je suis vraiment très à mon aise avec ce boitier, le premier boitier AF que j’apprécie vraiment à 100% !!!

Plus le temps passe, plus je me rends compte que si j’aime la photo en général, mon créneau c’est la photo Nature…L’achat des longues commence.

Mon passage au numérique (en 2’000 avec un Canon EOS D30) fut une transition très positive, surtout l’année suivante quand j’ai acheté le Canon EOS 1D premier du nom, un boitier qui m’a grandement aidé dans ma passion de la photo nature, ce fut un vrai bon en avant !

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Franky Giannilivigni – Buse variable

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J’ai découvert la photographie et la nature pour ainsi dire en même temps, en 2002, quand j’ai emménagé à la campagne avec mon (ex) épouse. Observer les oiseaux venir picorer les graines devant mes fenêtres m’a très vite donné envie d’en savoir plus sur eux, mais aussi de les photographier. Mon aventure a donc commencé avec des sorties LPO, puis l’acquisition de guides d’identification. Nous avions également un élevage de chats de race, et je devais régulièrement prendre en photo les chatons pour les mettre en vente sur notre site internet : ce fut également un élément déclencheur au niveau de la photographie. Après avoir bidouillé pendant un an avec un compact numérique puis un bridge numérique, je me suis rendu en novembre 2003, pour la première fois, au Festival de photographie animalière et de Nature de Montier-en-Der, à 50km de chez moi. Ce fut un choc ! Et je crois que tout est parti de là 😉

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C’est bateau de dire ça et pourtant c’est le cas : j’ai toujours aimé la nature sous toutes ses formes : paysages, faune, flore, petites bêtes, grosses bêtes … Je me souviens que j’étais capable petit de passer de très longs moments à observer un petite fourmilière dans la pelouse de mes parents. Pour les gros mammifères, j’adorais, et j’adore encore, regarder les documentaires animaliers. Bref, ma passion pour la nature et les animaux vient de loin !

Pour la photo, c’est beaucoup plus récent. Lorsque j’ai eu mon concours d’instit, mes parents m’ont offert un Canon Powershot, petit APN bien sympa (je l’ai encore !). Mon premier numérique, alors je me suis lâché et j’ai photographié tout ce qui me passait sous l’objectif. Et puis à force de shooter, j’ai souhaité passer à autre chose, alors je me suis offert un reflex, le Pentax K20D et quelques temps plus tard le Sigma 70-300mm. A partir de là, c’était parti ! J’avais tout : la passion et le matériel pour l’assouvir.

Vous êtes tous les 4 des spécialistes de la photographie animalière! Selon vous quelles sont les qualités principales du photographe animalier?

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– La patience, parfois l’attente est longue quand il faut passer 12 heures dans un affût sans bouger.
– L’envie, parfois partir pour une journée photo quand on sait qu’on va attendre 12 heures et qu’on plus la température variera entre -20C et 0C…
– L’humilité, parce que c’est la nature qui décide si la rencontre aura lieu ou non. On peut essayer de la favoriser mais c’est elle qui décide au bout du compte et on n’a pas le droit de forcer la décision. L’empreinte laissée par le photographe doit être la plus insignifiante possible. Et si cela signifie rentrer sans photo alors c’est ainsi, ça fait partie des règles du jeu.
– Le respect, parce que quand je vois des photographes courir après leur sujet pour essayer de finir par obtenir une photo, ça me rend fou ! Le photographe qui pratique ainsi ferait peut-être mieux de se mettre à la chasse.

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Je pense qu’il faut avant tout aimer la nature, aimer ce que l’on photographie. Aimer la nature c’est vouloir en savoir plus, se documenter, lire, lire et lire. Puis observé, observé et encore observé !

Aimer la nature c’est l’apprécier pour tout ce qu’elle nous offre, que l’on fasse des photos au non !

L’autre qualité à avoir, c’est la patience, car il en faut. La photo nature ce n’est pas du studio, on doit savoir capturer l’instant que l’on nous offre quand il arrive à nous. On ne guide rien, on ne change pas la lumière du moment, on ne demande pas au « modèle » de bouger, on s’adapte.

Et le dernier point, il faut savoir accepter de revenir sans image. Il m’est souvent arrivé de faire une virée pour réaliser des photos et ne pas déclencher une seule fois. Au final, on profite de la nature avec ses yeux et c’est tout aussi sympa !

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Le photographe animalier doit être avant tout curieux, patient, respectueux, et surtout humble. L’humilité est l’une des grandes qualités nécessaires face à cette nature qui ne nous appartient pas, mais à qui nous appartenons. La patience est de mise pour l’approche des animaux : toute précipitation mène au mieux à l’échec du photographe, au pire à la mise en danger de certaines espèces fragiles. Il convient donc de parfaitement connaître ses sujets, et de ne jamais tenter le Diable pour une photographie : il faut avant tout respecter la nature et ses habitants.

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Difficile d’être original pour cette réponse. Je pense que tous les photographes se rejoindront pour dire que la patience, la persévérance, la curiosité et des connaissances naturalistes sont indispensables pour le photographe animalier.

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Regis Moscardini – Blaireau

Qu’est ce qui est le plus compliqué dans la photographie animalière? Et le plus gratifiant?

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Le plus compliqué c’est probablement d’obtenir l’instant. L’instant étant une rencontre du sujet, de son attitude, de la lumière et du photographe prêt à photographier. Vous obtiendrez souvent plusieurs de ces paramètres en même temps mais les obtenir tous… ne dépend malheureusement pas que de vous. En même temps c’est aussi ça qui provoque le frisson, quand plusieurs paramètres se rassemblent… on se dit alors qu’on pourrait bien avoir droit au grand spectacle. Mais c’est aussi le plus frustrant parce que justement il manque parfois un petit rien pour que tout soit parfait. Je me souviens d’une fois où j’attendais un Martin Pêcheur dans un affût. En fin de journée tout est devenu parfait, la branche sous une belle lumière, un arrière-plan à peine éclairé, ne manquait que le Martin. Il a fini par venir mais me tournait le dos… puis il est reparti. Une fois la plus belle lumière passée il est revenu et me faisait face. Mais il était dans l’ombre. Enfin il m’a tourné le dos et s’est nettoyé les plumes… voilà pourquoi c’est parfois difficile ! Le plus gratifiant c’est quand on obtient ces rencontres magiques. Que ce soit le guépard qui prend son repas, la mère éléphant qui protège son petit sous vos yeux ou le martin qui se pose sur la branche au bout de votre objectif… le plus gratifiant c’est ces moment privilégiés que la nature vous offre et de réaliser que c’est un privilège que d’assister à ces instants.

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Je pense que le plus compliqué, c’est les challenges que l’on s’impose souvent tout seul !

Photographier telle espèce, dans telle situation…etc. Au final, c’est vraiment le seul point compliqué, car le reste c’est plus du plaisir que des contraintes !

Ce qui me fait venir tout naturellement au deuxième point, le plus gratifiant c’est la proximité avec la nature. Le fait de se balader dans des endroits merveilleux, de voir des scènes inoubliables et de tenter de figer un instant le magnifique spectacle que l’on a devant nos yeux !

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Indéniablement, le plus compliqué pour le photographe animalier est de réussir l’approche parfaite, de réaliser ses photographies, et de se retirer incognito… En clair, réussir à faire des photos en demeurant totalement invisible et indécelable face à son sujet ! Le plus gratifiant, bien évidemment, c’est quand on réussit à mener à bien notre prise de vue de A à Z 😉

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Cédric Girard

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Le plus compliqué est la non maîtrise du sujet que l’on photographie ! Au contraire de la photo de paysage, de la photo de studio ou de la photo d’architecture, l’animal fait ce qu’il veut quand il veut. On ne peut guère dompter que la lumière (en choisissant ses heures), l’arrière plan (en se plaçant correctement), éventuellement le support (en aménageant l’emplacement). Pour le reste, comme la venue des animaux et leur comportement ou attitude, c’est freestyle !

Ainsi, la gratification est présente quand, malgré toutes ces contraintes, le photographe parvient à tirer une série d’images intéressantes.

Bon, je reconnais aussi que le simple fait de voir une oreille de lapin de garenne se pointer après 2 heures d’affût me fait aussi très plaisir … même s’il n’y a pas de photo au bout !

Est-ce qu’il faut forcément un 400mm f/2.8 pour faire de belles photos d’animaux?

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Non…. Un 600mm f/4 ça va aussi !! 
Plus sérieusement, si un tel objectif n’est pas indispensable, il fait partie de cette gamme qui offre plus d’un avantage en animalier. La qualité optique avant tout, mais l’autofocus aussi et bien entendu la luminosité qui dans certaines circonstances est primordiale. Enfin, la combinaison longue focale/grande ouverture permet d’obtenir des bokeh très doux dont je suis particulièrement friand. Mais non, clairement ce n’est pas indispensable ! Pour de belles photos d’animaux ce qu’il faut avant tout c’est un bon photographe.
Ceci dit vu les budgets nécessaire à l’acquisition de ce type de matériel il faut préciser qu’il existe certaines très bonnes alternatives comme par exemple la combinaison d’un 300mm f/4 stabilisé avec un extender 1.4x. Si vous montez ça sur un Canon Eos 7D vous avez à mon avis déjà de quoi faire de belles choses et pour un budget bien inférieur !

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Brice Petit – Fribourg – Martin pêcheur

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… C’est un peu court pour certaines espèces d’oiseaux… ^^

Plus sérieusement, non, un super-télé ultralumineux n’est pas indispensable, mais je ne vais pas être hypocrite, il facilite très très clairement la vie (Surtout si on est fan de photo d’oiseau, ce qui est mon cas). Et s’il n’est pas obligatoire, il devient vite indispensable !

J’ai réussi à prendre une cigogne sauvage au 10mm… (pour un défi), mais dans un autre sens, cela aurait demandé 100 fois moins d’effort et de moyens que de le faire avec un 500mm.

Alors oui, on peut très largement faire sans, mais ça demande plus de travail, parfois même vraiment beaucoup plus de travail et énormément de volonté ! D’un autre côté, c’est un bon entrainement, car si on arrive à faire avec « moins » de matériel, quand on aura mieux, ça nous semblera vraiment plus simple !

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Ooohhh non : la preuve, je n’en ai pas ! Plus sérieusement, si l’essentiel des photographies d’animaux sont effectivement réalisées avec de longues focales (la plus courante étant le 500mm f/4.0), de plus en plus de photographes, dont moi, utilisent d’autres techniques pour diversifier les prises de vue. Grand angle, focales courtes, proxyphotographie… Tout est bon pour changer le point de vue ! J’aime à rappeler que mes toutes premières photos d’oiseaux (mésanges bleues, charbonnières et nonettes, chardonnerets élégants et sittelles torchepot) je les ai faites avec un 50mm macro sur un rebord de fenêtre ! Ce fut en effet mon tout premier objectif, et je n’avais que lui : il a fallu dès mes débuts faire preuve d’un peu d’astuce pour réussir quelques clichés !

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Cédric Girard

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Tout dépend des images que l’on souhaite réaliser (et aussi de son budget quand même). Obtenir un portrait serré d’une buse variable est plus accessible avec un 400 f/2.8 qu’avec un 50-200mm. Par contre, pour avoir une image montrant une ambiance particulière et intégrant l’animal dans son environnement, un 400 mm sera moins adapté. C’est la préparation de la prise de vue en amont qui va donc déterminer le choix d’objectif. Ceci étant dit, on revient toujours à la même chose : un photographe ne maitrisant pas suffisamment les connaissances naturalistes des espèces photographiées ne sortira de toute façon pas de belles photos même avec un 400mm f/2.8. Donc, pour répondre à ta question, c’est non !

Pouvez-vous nous présenter votre matériel photo « spécial animalier »? Et pourquoi un tel équipement?

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Deux boîtiers Canon :
– 5D MKIII pour sa qualité d’images et son autofocus
– 1Dx pour sa qualité d’image, son autofocus et sa rafale

Deux optiques Canon :
– EF 400mm f/2.8 L IS II USM pour sa qualité optique, son autofocus et sa très grande ouverture.
– EF 600mm f/4 L IS II USM pour sa qualité optique, son autofocus et son faible poids
– Extender 1.4x III parce qu’utilisé avec les optique ci-dessus la différence de qualité optique ou d’Autofocus est imperceptible.
L’avantage des longues focales est également qu’elles permettent de garder une certaine distance avec le sujet c’est à mon avis toujours préférable pour minimiser le dérangement.

3 accessoires
– Trépied Gitzo en Carbone 6X (GT2540LLVL), rigide, léger, solide, qui se déploie rapidement, qu’on peut descendre à 10cm du sol.
– Rotule pendulaire Wimberley parce que pour l’animalier et les longues focales c’est le plus simple, le plus efficace et qu’une fois qu’on a essayé on ne fait pas machine arrière.
-Sac à dos Gura Gear Bataflae 32L Parce que c’est aujourd’hui le sac le plus grand, le plus léger, le plus confortable et le plus solide qui ne dépasse pas les dimensions de bagages acceptés en cabine lors d’un voyage en avion.

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Comme je me passionne pour la photo d’oiseaux, mon matériel demande d’avoir quelque spécificité, j’ai donc comme boîtier un Canon EOS 1Dx principalement. Pour les objectifs, mes deux chouchous sont mon Canon EF 400mm f/2,8 L IS USM II (avec ou sans le converter *1,4 III) et mon Canon EF 800mm f/5,6 L IS USM II. Pour le reste de mes photos nature, j’utilise très régulièrement le 100mm f/2,8 Macro L IS USM ainsi que le Canon EF 70-200mm f/2,8 L IS USM II, le premier pour la macro, et le second pour des animaux tels que les grenouilles, lézard, serpent…etc.

J’ai bien sûr une foule d’accessoire, comme des flashs et autres trépieds…etc. Un peu long et fastidieux à lister ici.

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Franky Giannilivigni – Héron cendré

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Je possède aujourd’hui la panoplie à peu près complète du photographe animalier.

Déjà au niveau photo : deux boîtiers, l’un « full frame » (le Canon EOS 5D Mark II) pour le rendu et la qualité des images, l’autre plus « sportif » et axé rapidité (le Canon EOS 7D) pour les photos d’action.

Parallèlement à cela, je possède tout un panel d’objectifs acquis au fil des années, du 16mm fisheye au 500mm en passant par les objectifs macro et grand angle, transtandard et bien entendu les télézooms. Mon « chouchou » reste le Sigma 120-300/2.8 DG EX OS HSM, qui est tout simplement une tuerie !

S’ajoute à cela un Compact avec son caisson étanche (le Canon Powershot G1X, pour son immense capteur et sa qualité d’image), et tous les accessoires nécessaires autour de tout cela : flashs, matériel de studio, bagues allonges, téléconvertisseurs x1.4 et x2, trépieds, sacs…

Mais le matériel ne s’arrête pas à la prise de vue : il faut également un équipement vestimentaire adapté à toutes les conditions ! J’utilise donc usuellement des habits « camo » (tenues bariolées type armée), mais également des filets de différentes formes et maillage, et surtout une « ghillie suit », la fameuse tenue des snipers des forces spéciales.
Indispensable pour « disparaître » dans le décor 😉 S’ajoutent des tentes d’affût, un affût flottant, une combinaison de plongée et les accessoires qui vont avec…

Et pour l’après-photo, un bon ordinateur, un bon écran avec une sonde de calibration, Adobe Lightroom pour la gestion de la photothèque, et une palette de disques durs pour les sauvegardes !

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Budget oblige, mon équipement est le strict minimum pour un photographe animalier.

Je me contente donc de :

– un pentax K 100D

– un 70-300 mm Sigma APO DG

– une paire de jumelles Perl Escape 10×42 (je les recommande, un rapport qualité-prix excellent!)

– un ensemble trépied Vanguard Alta PRO 283 CT + tête SBH100 (top également)

– des vêtements de type rando aux couleurs neutres

– une chaise-affût pliante

mésange bleue régis moscardini

Régis Moscardini – Mésange bleue

Voilà pour la 1ère partie! Rendez-vous mercredi prochain sur Explorations Photographiques pour la suite de cette grande interview!

16 commentaires sur “[La grande interview] 4 photographes animaliers – 1ère partie”

  1. Merci pour cette sympathique interview. C’était intéressant comme exercice et c’est très intéressant de découvrir les approches de chacun et leurs réflexion autour de la photo animalière. Je me réjouis de lire la suite.
    Brice

  2. Excellente quadruple interview ! Vivement mercredi prochain 😉

    Je ne suis pas sur d’avoir cette patience, alors je vous dis chapeau ! C’est pas donné à tout le monde de rester en affut 12h sans ramener un seul cliché (et l’exemple de Brice et son Martin Pêcheur m’a presque énervé ^^ non décidément je ne suis pas patient…).

    Mais du coup, j’imagine l’énorme satisfaction que vous devez avoir lorsque vous ramenez de belles images !

  3. Merci pour cette superbe interview, c’est intéressant de connaître leur parcours, tous différents mais avec une passion commune. L’évocation du magazine Vie Sauvage m’a rendu nostalgique, à l’époque, j’y étais abonnée, j’adorais !!!
    Quoiqu’il en soit, chapeau bas, car la photo nature requiert des qualités de patience et de persévérance qui ne sont pas les miennes, j’admire ces passionnées pour ça. Les photos parsemant l’article sont superbes, bref, vivement la suite. 🙂

  4. Retour de ping : [La grande interview] 4 photographes animaliers – 1ère partie | Marc Charbonnier | Photographes et blogueurs | Scoop.it

  5. super interview !
    Je connaissait déjà Regis et Francky a travers leurs blogs respectifs, c’est un plaisir de découvrir Brice et Cedric.
    Dans ma découverte de la photo, je dois dire qu’il me semble que celle qui me donne le plus de plaisir et justement l’animalier. Je ne sais pas si j’en ferai une spécialité, mais j’aime vraiment bien. Je suis vraiment content quand j’arrive a voir une photo correcte… mais le matériel de base rencontre vite ses limites malheureusement…
    Vivement mercredi pour la suite !

  6. Wahooo, indéniablement un beau quarté gagnant, de belles images, de vrais passionnés.

    Je redécouvre Régis, Cédric et Franky encore mieux et je découvre tout simplement Brice avec plaisir.

    Beau travail à vous cinq (les 4 photographes et Marc l’auteur du blog) !

    Aymeric

  7. Me voilà enfin ….

    Comme je l’ai dis sur FB, j’aime beaucoup la façon de présenter l’article, je trouve ça sympa et original.

    C’est aussi amusant de voir, que chacun à notre manière, nos idée sont au finale les même!

    J’ai hâte de voir la suite!

  8. Il me tarde deja de voir la suite … Autant je connais les travaux de Cédric, Regis et de Franky, mais cela me donne l’occasion de découvrir Brice.

    En tout cas c’est passionnant de croiser leur réponse.

  9. Retour de ping : [La grande interview] 4 photographes animaliers...

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