Cela fait un petit moment que je mijote ce petit article « réflexion »! Chaque fois que je sélectionne une de mes photos pour en faire un article ou pour en obtenir un tirage papier, je me pose toujours la même question: est-ce que je retouche ma photo ou non?
Vaste débat! Sur tous les forums consacré à la photo les « pour » et les « contre » s’affrontent avec des arguments plus ou moins solides. Les contres sont généralement les plus virulents: ils basent la plupart du temps leur argumentaires sur la sacro-sainte idée de la photo « instantanée »: elle doit rester telle quelle de la prise de vue au tirage. On ne doit pas retoucher ni recadrer, c’est au moment de la prise de vue que tout se décide. Certains grand photographes ont probablement travaillé comme ça et les « contre » les citent alors en exemple, en modèle.
Les « pour », quant à eux, sont souvent des as de la retouche, des spécialistes des produits Adobe qui ne supportent pas un ciel cramé (ils le remplacent alors par un ciel correctement exposé, issu d’une autre image) ou qui aiment les couleurs saturées et les images contrastées.
J’aime à penser que l’idéal se situe un peu entre les deux approches. Le cadrage au moment de la prise de vue est le point de départ: le soigner assure déjà une bonne base à la photo (règle des tiers, diagonales, plusieurs plans… les photographes connaissent tous les astuces pour produire une belle image). Ensuite, vient le moment de la « révélation »! A l’époque de l’argentique, on passait les clichés de bains en bains pour révéler l’image prise. Pour les photographes numériques, c’est un peu la même chose quand on découvre son travail sur l’écran de sa machine. On se retrouve alors face à une image qu’on a pensée, imaginée et parfois idéalisée 😉
Et, là, à cet instant se pose la question fatidique: que faire de cette image?
Souvent je m’aperçois que l’image ne correspond pas à ce que j’avais en tête (en plus le minuscule écran arrière de mon EOS 350D n’aide pas à se faire une idée). Alors je l’avoue, je retouche toutes mes images!
Mais il y a « retouches » et « retouches ». Je n’ai jamais découpé un ciel pour le remplacé par un autre! Tout au plus, il m’arrive de gommer une branche d’arbres mal placée dans la composition;-)
Par contre, je travaille systématiquement l’exposition, le contraste, la netteté,la colorimétrie, la balance des blancs… On pourra me reprocher de trafiquer mes photos: c’est vrai!
Mais au fait, si on n’y réfléchit bien, toute l’histoire d’une image se résume à de la retouche, de l’interprétation! Le capteur, le circuit électronique de mon appareil fait des choix en permanence: comment exposer correctement cette scène, quel température de couleur choisir, quel contraste adopter? Il n’existe pas de photo « brute »… elle est toujours le fruit d’un compromis technique opéré par l’appareil. Il n’y a qu’à voir la différence entre une photo prise avec un téléphone portable et celle prise avec un Nikon D3 😉 Pourtant il s’agit bien de la même scène?
Même à l’époque du film argentique, chaque pellicule avait un rendu différent (couleurs chaudes pour Kodak et plus froides pour Fuji par exemple) et les « tireurs » utilisaient la technique du masquage pour contrôler l’exposition du film sur le papier.
Finalement, il me semble que la retouche en post-production est surtout une histoire de goût, de partis-pris esthétiques. Pour ma part, j’essaie de rester mesuré et tente surtout d’obtenir un visuel correspondant à mes souvenirs de la scène photographiée.
On peut voir par exemple sur cette photo panoramique prise à Genève il y a quelques semaines lors de la Marche de l’Espoir. L’image d’en haut, l’original, est un peu sombre et peu contrastée (mon appareil a la fâcheuse tendance à cramer les blancs donc je sous-expose volontairement à la prise de vue). Elle est également peu colorée en raison d’un temps couvert, ne laissant passer le soleil que de temps en temps.
Je pourrais la laisser en l’état, en disant que c’était comme ça dans la réalité… pourtant, je n’ai pas vécu cette scène de cette manière. Il faisait tout de même assez beau, le lac était bleu et je distinguai nettement l’homme qui lisait un livre (à droite sur la photo).
La photo du bas, retouchée, est celle qui se rapproche le plus de mon souvenir de cette scène… et c’est pour cette raison qu’elle me plait et que j’assume la retouche!
Et vous, chers amis photographes, retouchez-vous vos images?