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Et si on sortait du mode "auto"?

De nombreux possesseurs de reflex hésitent à changer les réglages de leur appareil favori. Ils restent en mode tout auto et se contentent d’appuyer sur le déclencheur. Loin de moi l’idée de les blâmer! Peut-être faites vous partie de ces photographes amateurs, bien équipés mais un peu empruntés quand il s’agit de personnaliser leur appareil? Ces nouveaux appareils photo sont de petits concentrés de technologie et cela peut faire peur à des néophytes.

Pourtant si l’on veut progresser en photo et tirer le meilleur de son appareil, il ne faut pas hésiter à se lancer! Nous verrons dans cet article les bénéfices que l’on peut obtenir en se lançant dans le « manuel » et les automatismes qu’il est sage de conserver pour faire de belles photos. Je vais vous présenter les choses de la manière la plus simple possible sans entrer dans les détails techniques qui ne feraient que vous encombrer l’esprit. Pour ceux qui voudraient aller plus loin, je vous propose d’acheter un livre traitant de manière approfondie la technique photo.

Avant de commencer voici un petit rappel des bases de la photographie numérique (et analogique: il faut remplacer capteur par pellicule!):

La photographie consiste à faire réagir un capteur avec la lumière qui traverse l’objectif. Pour faire simple, ces informations lumineuses (couleurs, intensité de la lumière…) sont transformées en signaux électriques. Le processeur du reflex numérique décode ensuite ces signaux et les transforme en une image numérique qui s’affiche sur l’écran arrière de votre reflex.

Ces informations lumineuses dépendent de 3 éléments indissociables:

L’ouverture: c’est les chiffre du type F/4, F/8 sur l’appareil. Un diaphragme plus ou moins ouvert module la quantité de lumière qui vient sur la capteur. Un rappel: petit chiffre=grande ouverture / grand chiffre= petite ouverture. A savoir: plus l’ouverture est grande plus la profondeur de champ (zone de netteté) diminue et inversement.

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Une grande ouverture donne une petite profondeur de champ

La vitesse d’obturation: temps pendant lequel le capteur est exposé à la lumière: sous la forme 1/50 ou 1/2000 sur votre appareil.

La sensibilité: Ce sont les « iso » sur votre appareil. Pour simplifier: à 100 iso, la capteur produit les meilleures images mais nécessite une plus grande quantité de lumière. Plus le nombre d’iso augmente plus la photo se dégrade (apparition de bruit/grain numérique) mais moins vous avez besoin de lumière. Dans la pratique on peut monter jusqu’à 800iso avec les reflex modernes sans perte de qualité notable. On peut même monter à 1600 iso avec de bons résultats sur des reflex experts/ou pro.

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1600 iso avec un Canon 50D

Ces 3 paramètres sont interdépendants: si l’on modifie l’un des 3 alors la quantité de lumière qui atteindra le capteur sera augmentée ou diminuée en fonction. Au moment où l’on appuie sur le déclencheur, l’appareil laisse entrer la lumière et le capteur est alors exposé. L’appareil convertit alors cette exposition en image (je simplifie volontairement!).

En mode automatique, l’appareil, via son logiciel interne, essaie de trouver la meilleure combinaison possible entre ces 3 paramètres afin d’obtenir une qualité de photo optimale. Avec les appareils reflex moderne c’est quasi impossible de rater complètement ses photos en mode automatique. Pour autant cela ne va pas forcément faire de belles photos! Imaginez que le scène que vous photographiez soit un peu sombre et l’appareil sort de suite le flash! Oubliez l’idée de faire de belles photos de l’intérieur d’une église romane… Alors pour limiter ce problème, les fabricants d’appareils numériques ont inventé les « modes »: le mode sport par exemple, privilégiera une vitesse d’obturation rapide pour éviter que le sujet ne soit flou s’il se déplace rapidement (et l’appareil compensera la vitesse élevée par une grande ouverture et une montée dans les iso. Autre exemple, le mode macro (souvent représenté par une fleur…) optera pour une grande ouverture (rappelez-vous: grande ouverture= faible profondeur de champ) pour permettre d’isoler le sujet par rapport au fond. L’appareil adaptera là-encore la vitesse et les iso en conséquence.

Malgré tous ces modes automatisés on se retrouve vite dans des situations où l’on a besoin de reprendre le contrôle pour donner un effet particulier ou photographier un sujet difficile: feu d’artifice, photographie panoramique…

Quels sont les avantages des réglages manuels?

Vous avez de la chance: vous avez un reflex et pas un compact ou un bridge! Prenez le pouvoir sur votre appareil photo 😉

Reprenons un par un les différents éléments qui influent sur l’exposition:

L’ouverture: garder le contrôle sur l’ouverture vous permet, comme nous l’avons vu, de jouer sur la profondeur de champ. C’est essentiel pour la plupart des types de photographie: faible profondeur de champ pour les portraits ou la photo macro, grande profondeur de champs pour les paysages ou la photographie panoramique par exemple. En mode manuel, c’est vous qui choisissez!

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Une petite ouverture pour obtenir une grande profondeur de champ

La vitesse d’obturation: ce paramètre est très important pour plusieurs raisons. Premièrement, pour éviter les flous de bougé. La règle de base c’est de ne pas descendre en dessous de l’inverse de la focale. Par exemple pour une focale de 50mm il faut rester au dessus du 1/50ème (vérifier) de seconde. Tenez compte du coefficient multiplicateur si votre appareil est au format APS-C. Pour un coefficient de 1.5, votre focale de 50mm devenant un 75mm il faudra veiller à ne pas passer en dessous de 1/75ème .
Deuxièmement pour figer une action (ou non): pour de la photo de sport par exemple, ce paramètre est vital pour que votre sujet ne soit pas flou en raison de son déplacement rapide.

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Une vitesse d’obturation rapide permet de figer les mouvements

La sensibilité: ce paramètre est le moins « important » des 3. Il reste essentiel certes mais surtout pour permettre de garder une latitude de réglage des autres paramètres. Une faible sensibilité nécessite une ouverture élevée et/ou une vitesse d’obturation faible si la scène est peu éclairée. Ce qui peut être un handicap dans certaines situations (photo de nuit par exemple). Vous pouvez alors augmenter le sensibilité pour gagner un peu de souplesse dans les réglages. Le revers de la médaille c’est une augmentation du bruit numérique (même si sur les appareils récents de gros progrès ont été fait en terme de sensibilité). On essaiera toujours de rester avec la sensibilité la plus faible possible pour optimiser la qualité d’image.

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A 1600 iso, le bruit numérique apparait… mais peut-être traité notamment si vous shootez en RAW

Bien entendu, à part quelques pros qui maitrisent parfaitement leur boitier et qui surtout possède une longue expérience, il est difficile de savoir exactement quelles valeurs appliquer pour obtenir une bonne exposition… Mais ne vous inquiétez pas, votre boitier fait ce travail pour vous! Suivant les marques, l’apparence diffère un peu (voir ci-dessous) mais vous disposez d’une information dans votre viseur (petites barres sur une échelle graduée) qui vous indique si vous êtes en sur-exposition (photo trop claire, pas de détails dans les hautes (comprenez « claires ») lumières) ou en sous-exposition (photo trop sombre, pas de détails dans les basses (comprenez sombres) lumières. En jouant sur un ou plusieurs paramètres (vitesse d’obturation, sensibilité et ouverture) vous réussirez à atteindre l’équilibre vers le point 0. Évidemment, ne modifiez pas le ou les paramètres importants que vous aurez volontairement fixé(s).

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Viseur Canon 50D (Source image: Focus Numérique) et viseur Nikon D90 (Source image: Pixellistes)

Avec de l’entrainement, vous maitriserez vite ces manipulations et cela vous ouvrira nécessairement de nouveaux horizons créatifs! Le mode manuel est également très utile pour les scènes complexes en terme de lumière: contraste violent, contre-jour, paysages enneigés. Toutes ces situations peuvent tromper les meilleurs appareils ou les obligent à faire un choix qu’ils ne peuvent pas faire: faut-il privilégier les zones sombres ou les zones claires du sujet? En manuel, c’est vous qui décidez!

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Le contre-jour, piège à mode automatique

Le mode semi-auto

Le compréhension et la maitrise du mode manuel sont essentiels mais ne permettent pas de faire face à toutes les situations, notamment parce faire tous ces réglages prend du temps. Pour aller plus vite, les ingénieurs des différentes marques photos ont créé les modes semi-auto il y a plusieurs décennies. Le principe est simple. Soit vous choisissez une vitesse d’obturation fixe et l’appareil adapte automatiquement l’ouverture pour permettre une bonne exposition, (mode Tv chez Canon ou S chez Nikon) soit vous choisissez une ouverture et l’appareil détermine la bonne vitesse (mode Av chez Canon, mode A chez Nikon).

Ces 2 modes semi-auto sont donc très pratiques. Suivant le type de photos que vous faites, vous sélectionnez priorité ouverture ou priorité vitesse, vous choisissez la valeur qui vous convient (vitesse élevé pour de la photo de sport par exemple) et votre boitier fait le reste! Attention toutefois aux valeurs extrêmes: votre boitier ne peut pas vous proposer une vitesse ou une ouverture dépassant ses capacités 😉 Mais il vous reste encore le réglage de la sensibilité pour avoir un peu plus de marge de manœuvre. A noter que sur certains appareils récents, la sensibilité peut être réglée automatiquement par le boitier.

La question de l’autofocus

L’autofocus est un automatisme de l’appareil photo numérique assure la mise au point (netteté) de la photo. Habituellement, quand on parle de prendre ses photos « en manuel », on ne parle pas de la mise au point manuelle ou par autofocus. Pour autant, cet aspect à toute sa place dans cet article.

Lorsque l’autofocus est activé, vous n’avez (presque) rien à faire. Vous appuyez sur le déclencheur et l’appareil se charge de détecter le sujet et faire la mise au point sur celui-ci (visible par l’illumination d’un point rouge dans le viseur) Avantage: ça va très vite s’il y a beaucoup de lumière et c’est efficace si votre appareil est récent. Inconvénient: l’appareil fait parfois le point sur le mauvais sujet…

Pour éviter ce problème, en mode manuel, priorité ouverture ou vitesse ou P, vous pouvez en principe choisir le collimateur actif (celui utilisé par l’appareil pour faire la mise au point) ou même sur les modèles plus haut de gamme, un groupe de collimateur. On peut même sur certains modèles « pro » régler la sensibilité de ces collimateurs!

Dernier point sur les capacités de l’autofocus, c’est son fonctionnement en différents modes:

  • One shot: vous faites la mise au point sur votre sujet en appuyant sur le « bouton déclencheur » et en le maintenant à mi-course. La mise au point est verrouillée même si votre sujet se déplace ou si vous recadrez votre image (idéal pour paysage, photo de studio, macro…)
  • AI Focus: dans ce mode, une fois le déclencheur enfoncé, l’appareil fait la mise au point en continu sur le sujet même s’il bouge. Idéal pour photo animalière, de sport…)
  • AI Servo: un mélange entre les 2 modes précédent: l’appareil choisi automatiquement entre One Shot et AI Focus

Pour en savoir plus sur le fonctionnement de l’autofocus, je vous conseille les lectures suivantes:
http://www.commentcamarche.net/contents/l-appareil-photo-numerique/l-autofocus
ou http://phototrend.fr/2010/05/mp-76-le-fonctionnement-de-la-mise-au-point-decrypte/

Alors faut-il utiliser l’autofocus? J’aurai tendance à dire oui, surtout si vous maitrisez le choix du collimateur. Les appareil photo numérique moderne sont performants sur ce point. Cependant la mise au point manuelle est indiquée quand la luminosité est faible (les autofocus des reflex d’entrées de gamme, notamment chez Canon, n’aiment pas les ambiances sombres), ou en photo macro par exemple…

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Voilà, vous savez (presque) tout! Lancez-vous, faites des essais en photographiant votre chat, la vue depuis votre balcon, en vous promenant. Si leur cœur vous en dit, n’hésitez pas à partager vos expériences ici 😉

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